Le Refus Scolaire Anxieux

Le Refus Scolaire Anxieux
03.03.2025 L’essentiel Temps de lecture : 5 min

Anciennement appelé phobie scolaire, le Refus Scolaire Anxieux (RSA) touche de plus en plus de jeunes. Il associe plusieurs psychopathologies, ce qui peut rendre son diagnostic complexe, et sa prise en charge longue et pluridisciplinaire.

L’équipe d’Enfant-différent.org propose une petite synthèse des apports du Dr Xavier ANGIBAULT et du Dr Galle-Tessonneau lors de la journée qui s’est déroulée le 15 mai 2024 à Oyonnax, journée co-portée par les PEP 01 et le Ministère de l’Education Nationale

Définition

« Il s’agit d’enfants et d’adolescents qui pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer » – Julian De Ajuriaguerra, neuropsychologue – 1974. 

En 2006, Holzer et Halfon ont proposé une classification selon cette typologie :

  • Le refus scolaire avec anxiété de séparation
  • Le refus scolaire avec phobie sociale
  • Le refus scolaire, une phobie simple
  • Le refus scolaire anxiodépressif ; c’est le plus fréquent

Les premiers signes

Voici les comportements et difficultés qui peuvent être les premiers signes d’un refus scolaire anxieux :

  • Absentéisme : récurrent, il peut être perlé, sur certaines périodes de l’année, concerner certains cours ou les périodes de contrôles, …
  • Manifestations d’anxiété avec des douleurs somatiques (maux de ventre, maux de tête, vomissements…)
  • Troubles du comportement : crises, colères, opposition…
  • Troubles du sommeil
  • Difficulté du jeune à expliquer ses troubles ou ses angoisses
  • Association possible à un syndrome dépressif (tristesse, repli sur soi, perte de motivation et de plaisir, dévalorisation)
  • Stratégies d’évitement de l’école, malgré un investissement scolaire

Le refus scolaire anxieux peut apparaitre :

  • Au moment des rentrées : début d’année scolaire, retour des vacances, changement de cycle
  • Lors d’évènements : déménagement, séparation, décès d’un proche, départ d’un ami, maladie…
  • En cas de difficultés relationnelles : harcèlement, racket, conflit avec un professeur ou des camarades…

Installation des troubles

Le refus scolaire anxiodépressif combine plusieurs éléments et psychopathologies :

  • Peur de l’échec et faible estime de soi
  • Phobie sociale
  • Angoisses de séparation
  • Anxiété généralisée avec un sentiment persistant d’insécurité, inquiétude permanente et excessive.
  • Syndrome dépressif : dévalorisation, difficultés de concentration, et pensées négatives
  • Tristesse, morosité, …

A ces difficultés s’ajoutent généralement des « pannes » dans la construction identitaire du jeune (repli sur soi, pas de projection dans l’avenir, peur de l’échec, abandon des idéaux, …) et des perturbations de la pensée.

jeune seul dans un environnempent agité

Une prise en charge pluridisciplinaire et personnalisée

La prise en charge du jeune doit être pluridisciplinaire et mise en place dès que possible. L’accompagnement du jeune se fait en lien avec le médecin traitant et les autres professionnels (psychologue, éducateur, orthophoniste…)

L’établissement scolaire et le médecin scolaire sont associés et doivent garder le lien avec le jeune et sa famille, et envisager des aménagements scolaires via la mise en place d’un Projet d’Accueil Individualisé (PAI), envisager tout ce qui peut favoriser la présence du jeune.

Des cours via le CNED peuvent aussi être mis en place. Il est conseillé de limiter le plus possible les dispenses totales.

Le service de l’APADHE est aussi sollicité pour mettre en place des cours à domicile ou sur le lieu de prise en charge (hôpital, …)

Cette prise en charge se doit d’être personnalisée avec un programme de soins adapté : psychothérapie, groupes thérapeutiques, médiations, prises en charge spécifiques, … Un traitement médicamenteux peut être envisagé mais jamais en première intention.

Dans certaines circonstances une hospitalisation ou une prise en charge dans des dispositifs soins/études peuvent être proposés.

Il est aussi possible d’accompagner le jeune sur un autre projet : stages en entreprise, réorientation, …via des interlocuteurs comme la mission locale.

Au sein de la famille

Le refus scolaire anxieux a un impact sur la dynamique familiale :

  • modification de l’organisation familiale
  • promesses de retours à l’école non tenues : épuisement et déception des parents ; culpabilité de l’enfant
  • chantages symétriques : menaces de l’ado ; récompenses promises des parents
  • régression à un statut d’enfant
  • enfant tout-puissant, tyran domestique

Quelques recommandations lorsque que l’enfant n’est pas en classe

  • Maintenir une bonne hygiène de vie : lever, coucher, repas équilibrés, hygiène corporelle, écrans limités
  • Favoriser l’activité avec les pairs
  • Travailler l’autonomisation
  • Sortir de chez soi tous les jours
  • Maintenir des liens avec l’établissement scolaire, déterminer des personnes ressources
  • Prévoir un protocole de rescolarisation progressive

Le retour en classe : boite à outils

  • Emploi du temps aménagé
  • Modalités d’accueil à l’arrivée
  • Choix de l’entrée par laquelle le jeune va passer
  • Accompagner le rattrapage des cours
  • Préparer la classe
  • Identifier une personne ressource
  • Garantir la place de l’élève dans la classe ou le groupe
  • Permettre de rejoindre la classe en léger décalage
  • Respecter une place particulière dans la classe
  • Permettre de sortir/s’isoler en cas d’angoisse
  • Favoriser/aménager la participation
  • Aménagements des évaluations
  • Suspension/aménagement des temps de repas et de pause

….et plein d’autres possibilités !


Remerciements pour la relecture de cet article :

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