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- Scolarité : la mise en place de matériel pédagogique adapté
L’histoire de Jonathan : quels accompagnements lors de son parcours scolaire ?
Jonathan (1), né en 2000, entre en classe de quatrième de collège. Il a connu un parcours scolaire difficile à cause de troubles sévères liés à la dyslexie et troubles associés (dysorthographie, dysgraphie).
Le suivi orthophonique se poursuit à raison de deux puis une séance hebdomadaire. Il a un dossier en cours auprès de la MDPH.
Il a bénéficié pendant deux ans de la présence d’une AVS à l’école primaire et a été beaucoup aidé par sa maman, dans les classes de 6ème et 5ème. Avec les débuts de l’adolescence, Jonathan manifeste le désir de s’affranchir des aides des adultes et il souhaite réaliser son travail scolaire de façon plus autonome.
C’est dans ce contexte que se pose la question de la mise en place d’aides numériques, qui pourraient peut-être aider Jonathan. La famille fait appel au Centre Ressources de Handica Réussir Formations.
Jonathan s’est déjà investi sur son ordinateur personnel depuis la classe de 6ème : il maîtrise la frappe au clavier (grâce à une ergothérapeute) et sait utiliser les principales fonctionnalités d’un traitement de texte. Il a débuté son année en scannant souvent les documents donnés par ses enseignants ou prêtés par ses camarades. Il a déjà rencontré des enseignants acceptant son travail sur format numérique et il voit, entre autres, que le scanneur lui permet de soulager le coût cognitif de sa prise de notes.
Choisir une aide numérique
Dans le domaine du Lire/Ecrire, les ressources sont nombreuses et variées.
Les troubles d’apprentissage de Jonathan ont des conséquences directes sur son travail scolaire : nous commençons avec lui à examiner les situations où il éprouve le plus de difficultés. En effet une aide numérique s’inscrit dans un contexte précis, où le plus important à examiner n’est pas le handicap par le détail, mais l’interaction de l’élève avec la situation de travail. Cette approche fait écho à la définition du handicap, telle qu’elle est formulée dans la loi de février 2005.
Le choix d’outils adéquats s’avère complexe dans le cas des troubles d’apprentissages. Si pour les troubles sensoriels (vue, ouïe…) le professionnel dessine assez vite les contours de la compensation, il n’en va pas de même pour les troubles cognitifs où il faut examiner de près les situations d’utilisation. Ainsi avons-nous proposé à Jonathan de réaliser des essais avec diverses ressources numériques (gratuites pour la plupart), d’abord au sein de notre Centre, puis en classe avec la complicité de quelques enseignants.
Cela n’a pas été simple à vivre : Jonathan est le seul dans la classe à avoir un ordinateur et il se sent stigmatisé parfois. Ce sentiment de n’être pas « comme les autres » freine ses efforts, mais dans quelques matières seulement. Deux professeurs ont su s’appuyer sur ses compétences numériques pour le mettre en valeur…pour la présentation de dossiers, par exemple. D’autres enseignants, par méconnaissance, n’ont pas saisi l’enjeu du dispositif et la réunion future avec l’enseignant référent sera l’occasion de progresser sur ce point.
Notre premier constat permet de faire apparaître des priorités pour les aménagements et de situer les aides numériques dans le cadre des aménagements.
Décider du dispositif numérique
Le Projet Personnel de Scolarisation (PPS) doit comporter pour Jonathan un volet « ressources numériques » : ce sera l’objet d’une partie de la réunion de suivi, animée par l’enseignant référent. Les observations faites par nos soins se complètent avec celles de l’intéressé, celles des enseignants et de la famille. Après débat, une décision par consensus s’opère.
La demande pour Jonathan porte sur l’acquisition d’un ordinateur plus performant que le sien en vue de l’utilisation optimale de futurs logiciels et sur la fourniture d’un nouveau logiciel pour simplifier l’utilisation du traitement de texte. La livraison du matériel est faite au cours de l’été.
Répondre aux besoins
Le dispositif numérique se définit dans le cadre du PPS en cours. En effet, les besoins actuels doivent être bien identifiés dans le cadre scolaire. Pour Jonathan, il s’agit d’utiliser le traitement de texte pour une présentation correcte de ses productions écrites (compensation dysgraphie) et pour avoir un support en vue d’une approche visuelle et sonore appropriée.(compensation dyslexie) .Par ailleurs, ce nouveau logiciel répond à d’autres critères , car il possède un lecteur Français/anglais de grande qualité et paramétrable (Jonathan a un profil à dominante auditive) et il contient un scanneur et un prédicteur.
On le voit : ces aides numériques vont au-delà des mesures de simple compensation pour offrir un cadre propre à la motivation et à la valorisation des points forts. Un pari est également fait sur l’appréciation positive portée actuellement par les jeunes sur les outils numériques (smartphones, tablettes, applications…)
Les difficultés de mise en oeuvre
Plusieurs difficultés peuvent surgir dans la mise en œuvre des outils numériques .Il peut s’agir tout simplement de problèmes liés à une formation insuffisante : paramétrages de l’ordinateur au profil de l’élève, prises en main des fonctionnalités d’un traitement de texte, maîtrise insuffisante du clavier…Il ne faut pas négliger les problèmes techniques qui peuvent faire perdre du temps et décourager l’élève : virus informatiques, alimentation insuffisante, installation malaisée de logiciels…Ces aspects ne sont pas négligeables. Il convient d’ajouter que parfois l’élève installe des documents qui n’ont rien à voir avec le travail scolaire !
Pour Jonathan, l’apprentissage de ce nouveau logiciel a été relativement long, car il demande l’acquisition de procédures à automatiser. De plus, quand un accompagnement technique n’est pas assuré par un organisme, cela peut poser des problèmes : Jonathan a eu de la peine par exemple à adopter un rangement efficace pour ses dossiers : notre Centre a réalisé avec lui (non sans mal !) un plan de classement.
Nous l’avons vu précédemment : le partenariat avec les enseignants est important. Ces derniers doivent connaître un minimum les ressources numériques propres à l’élève, pour créer le lien nécessaire avec la démarche pédagogique. Par ailleurs l’ordinateur n’a aucune utilité dans certaines situations en classe: Jonathan a éprouvé des difficultés pour un usage à bon escient. Il a fallu une phase d’apprentissage, qui a duré plusieurs semaines.
Adolescent, Jonathan reste sensible au regard des autres (qui vont en classe sans ordinateur) En classe de 4ème, malgré une bonne ambiance entre élèves, il laisse parfois « ses outils » à la maison mais il montre à tous un jour en cours de technologie ses aptitudes – ce qui lui donne de l’assurance. En fin d’année, il est sollicité par deux enseignants pour faire des fichiers audio à partir de « son » logiciel !
Un nouvel environnement de travail
Avec l’aide de sa famille, Jonathan s’investit dans son travail à la maison avec l’ordinateur portable et progressivement gagne en confiance et en autonomie. Il est également encouragé par son orthophoniste, qui utilise le support numérique pour ses rééducations. Parvenu en classe de 3ème, il construit avec ses enseignants des règles de fonctionnement et, en milieu d’année, notre accompagnement cesse. Il est décidé qu’à l’examen du Brevet des collèges Jonathan utilisera son ordinateur et ses logiciels et l’Inspection Académique donne son accord.
Malgré les difficultés rencontrées, au fil de son cheminement, Jonathan a acquis des compétences numériques indispensables dans son orientation future : il souhaite se diriger vers un Bac Pro Logistique. Son stage en entreprise lui a fait prendre conscience qu’il possède des atouts, que n’ont pas tous ses camarades ! Une nouvelle dynamique est née.
En complément, vous pouvez consulter l’article sur le matériel scolaire.
(1) Prénom fictif
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