Comment j’aborde la relation avec un enfant en difficultés scolaires ou porteurs de handicap cognitif ?
Être persuadée de sa capacité à évoluer, à s’élever et, de ce fait, occuper une place meilleure dans notre société que celle qu’il aurait. De mes paroles et de mon discours d’intention découlent mes actes et le suivi nécessaire.
La première des conditions pour aborder cette relation est de porter en soi la conviction de la valeur de l’être que l’enfant représente.
Je me situe par delà les a priori et les modèles stéréotypés de réussites que présente notre société.
Après tout, c’est quoi réussir sa vie ?
Souvent, je me demande si, à l’heure du bilan final, ma vie aura plus de valeur que celle d’un jeune avec une trisomie qui accueille tous ceux qu’ils croisent avec bienveillance ou de celle d’un jeune avec des troubles autistiques qui m’ invite à me rapprocher de l’essentiel de mon être à chaque rencontre?
La seconde de ces conditions est de bien connaître:
- d’une part, les différentes étapes de développement cognitif d’un enfant afin de pouvoir situer où en est vraiment celui-ci. L’analyse qui en découle va bien au delà de son âge civil et du niveau scolaire qui devrait lui correspondre;
- d’autre part, les caractéristiques des différents diagnostics émis par le secteur médical afin d’en tenir compte lors de la remédiation scolaire (ex : dans le cas d’un enfant porteur d’autisme, privilégier les supports visuels; dans celui d’un enfant ayant des troubles de l’attention, veiller à ce qu’il ait les mains en action…);
- et enfin, de bien connaître les outils pédagogiques et l’utilisation qui peut en être faite.
Cela ne s’improvise pas!
Une information régulière, une formation spécifique et continue est nécessaire. Je cherche régulièrement dans ce qui existe déjà, et dans ce qui peut être créé; j’adapte les différentes manières de les présenter aux enfants selon l’objectif visé. Il faut, pour cela, connaître les compétences que requiert, chez l’apprenant, chaque matériel proposé. Bien souvent, nous nous fions à ce qui est indiqué sur les boîtes de jeu mais sommes-nous sûr qu’il y ait eu une analyse des structures logico-mathématiques ou infra-logiques correspondant vraiment aux compétences des enfants ? Je considère qu’il m’appartient d’analyser ce que peut mobiliser telle ou telle manière d’utiliser tel ou tel jeu, savoir: anticipation, rétroaction, mémorisation visuelle ou auditive ou même tactile, déduction, comparaison, traitement de l’information implicite, topologie, correspondance terme à terme, construction de l’objet permanent, de la conservation de la quantité…
Pour exemple, qui eut pu imaginer que le jeu du « UNO junior », demande plus de compétences que celui des seniors ? En effet, le premier traite trois 3 critères à la fois dans la différence des points de vue pour seulement deux dans le second !
La troisième de ces conditions est celle de l’étroite collaboration entre la famille et l’enseignant. En effet, qui, mieux que ses parents, peuvent nous renseigner sur la personnalité de l’élève? Qui, mieux que ses parents, l’accompagnent chaque jour dans la vie quotidienne à la maison?
Il s’agit là d’une clé très importante de la réussite de cette remédiation. C’est en partant de la personnalité des enfants que je vais jusqu’à leur difficulté ou leur handicap. Je travaille avec des être vivants qui n’ont pas pour but de rentrer dans des programmes! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit!, le programme a une utilité: il permet d’établir des niveaux de compétences qui donnent des repères aux enseignants.
Toutefois, un programme idéal consisterait à s’adapter à la personnalité de chacun. Ce qui est extrêmement difficile aujourd’hui, c’est cette agression que peut ressentir une personne consciente de sa différence et de sa volonté à s’épanouir, au fait qu’une sorte d’acharnement à ne se fier qu’à des cases dans lesquelles il faut faire rentrer les enfants prenne une telle importance.
Que devient la possibilité d’épanouissement de chacun quand l’être doit être modelé pour rentrer dans le moule communément établi pour tous? Comment considère t-on la différence?
Différent est-il synonyme de déviant?