Les élèves qui s’écartent de la norme scolaire sont regroupés sous le vocable d’élèves à besoins éducatifs particuliers (EABEP). Il peut s’agir d’élèves : allophones, en difficulté scolaire, malades, intellectuellement précoces, en situation de handicap (en raison d’un trouble du spectre de l’autisme, d’une déficience visuelle importante, d’un trouble du comportement, …), vivant des situations familiales et/ou sociales difficiles, etc… Aucun d’eux ne doit rester sur le bord du chemin. Tous ont besoin de construire le sentiment d’appartenir à un groupe et en l’occurrence à leur communauté scolaire.
Mais comment faire pour que cette intention aussi noble soit-elle ne se résume pas à un vœu pieux ? Comment identifier un besoin scolaire lorsque l’enseignant ne perçoit que ce qui lui apparaît comme une difficulté ou un manque du côté de l’élève ? S’il est toujours utile que l’enseignant soit sensibilisé et formé pour comprendre les difficultés de ses élèves lorsque ceux-ci sont en situation de handicap, il n’est pas forcément nécessaire qu’il soit un expert de tous les troubles que pourraient avoir ses élèves.
Pour lever les obstacles qu’il rencontre dans son enseignement, l’enseignant peut activer plusieurs leviers :
La différenciation pédagogique
les éléments développés dans l’article sur la différenciation pédagogique[1] sont plus que jamais d’actualité car les enseignants qui sont à même de différencier leur enseignement réussissent mieux à accueillir les élèves dans toute leur diversité. L’enseignant peut varier le matériel proposé aux élèves, les situations et les démarches d’apprentissage, les modalités de regroupement des élèves, l’organisation des temps et des espaces de travail ou bien encore les formes de l’évaluation. La différenciation pédagogique permet de conserver les mêmes exigences pour tous les élèves en leur proposant des itinéraires différents pour y parvenir. La modification des objectifs d’apprentissage et des critères d’évaluation est possible selon les caractéristiques et les besoins de l’élève, par exemple lors de la mise en œuvre d’un PPS (projet personnalisé de scolarisation). Mais même dans cette situation, l’élève doit être relié à ses pairs d’une manière ou d’une autre (par exemple, l’élève apprend à rester assis avec les autres quelques minutes, même s’il ne comprend pas encore en totalité le sens de ce qui est proposé).
La communication avec la famille de l’enfant
les parents sont des partenaires précieux pour l’enseignant, ils sont les plus à même de renseigner l’enseignant et le mettre en contact le cas échéant avec d’autres professionnels qui pourront l’éclairer. Ils sont les « spécialistes » de leur enfant.
L’observation de l’élève en situation scolaire
il s’agit d’une compétence inscrite dans le référentiel de compétence des enseignants que l’enseignant se doit de développer. L’enseignant doit faire des investigations dans les domaines suivants :
- la communication (expression et réception)
- la relation aux autres (adultes et enfants),
- la réalisation des activités scolaires.
C’est en développant sa capacité à observer et à analyser les difficultés de ses élèves que l’enseignant pourra mieux les aider en traduisant en un besoin scolaire ce qu’il perçoit comme une difficulté.
Par exemple, si la difficulté identifiée pour Tom est de comprendre l’enseignant, notamment lorsque les messages sont oraux (compréhension des consignes, lecture d’histoire, etc…), l’enseignant peut en déduire que le besoin scolaire de Tom serait de pouvoir se saisir d’une communication plus visuelle.
Ce besoin scolaire peut se traduire par les adaptations suivantes :
- symbolisation des consignes par des schémas ou des pictogrammes,
- langage de l’adulte empruntant des phrases courtes,
- propositions de démonstrations et/ou d’imitations pour initier le travail, ….
Ces aides, de nature à aider Tom dans l’exécution des tâches et la compréhension de son environnement scolaire, pourront s’avérer fort utiles pour d’autres enfants qui comprendront plus vite ce que l’enseignant attend d’eux, même s’ils n’ont pas de trouble du langage ou de la communication.
La démarche de l’enseignant est d’autant plus fructueuse qu’il anticipe d’abord les obstacles pour le plus grand nombre en rendant ses enseignements accessibles par une réflexion à priori et à postériori des situations didactiques et pédagogiques qu’il propose à ses élèves, plutôt que de multiplier les adaptations individuelles à priori.