Le spectacle « 3 petits contes mal fichus bancals et tout tordus » est une approche des différentes formes du handicap à partir de cas et de situations très concrètes, dévoilés par chacune des histoires et portés par un comédien, seul sur scène.
A propos de la création de ce spectacle
« C’est Bruno Miara qui m’a fait découvrir l’une des 3 petites histoires qu’il interprète dans ce spectacle : « La petite casserole d’Anatole ». Une magnifique démonstration de ce que l’expression « traîner une casserole » veut dire. J’ai été immédiatement touché par ce court texte et ses remarquables illustrations, et ai tout de suite eu envie d’en faire un moment de théâtre. Mais il s’agissait d’une histoire courte, d’une durée limitée pour constituer à elle seule un spectacle.
M’est alors venu l’idée d’y adjoindre d’autres courts textes, des histoires autonomes mais ayant toutes un lien fort avec le thème si finement traité dans « Anatole et la petite casserole », à savoir le handicap et la différence ou plutôt comment dépasser son handicap et vivre sa différence.
J’ai lu beaucoup de littérature jeunesse et puis je suis tombé sur 2 autres histoires, qui elles aussi, avec intelligence et sensibilité, abordaient le thème, mais sous d’autres angles, en livrant d’autres aspects, en montrant d’autres situations. Il s’agit de « Le mangeur de mots » et « Le coeur-enclume ». J’avais la matière du spectacle, il ne manquait plus que le titre. Il fut bientôt trouvé, il s’appellerait 3 petits contes mal fichus, bancals et tous tordus ».
Christian Devèze
Les intentions artistiques
Le spectacle « 3 petits contes mal fichus bancals et tout tordus » est une approche des différentes formes du handicap à partir de cas et de situations très concrètes, dévoilés par chacune des histoires et portés par un comédien, seul sur scène. Le spectacle tente de questionner et d’envoyer le spectateur aux idées préconçues, au malaise, aux appréhensions, aux attitudes peu naturelles que les gens dits «normaux» éprouvent face à une personne ou un enfant handicapé.
Sans discours moralisateur ou culpabilisant, sans explication simpliste et faussement rassurante, le spectacle est une invitation, un appel à prendre en compte la particularité de la personne ou de l’enfant handicapés. À changer son regard, à appréhender autrement les relations avec ces personnes. Et peut-être plus que tout, à dédramatiser la différence.
Quand on ne ressemble pas à tout le monde, ce n’est pas toujours facile ! Mais ça n’empêche pas d’être heureux, d’avoir des amis, des projets, de vivre comme tout le monde.
La confrontation au handicap est une souffrance, il ne faut pas le nier, mais elle permet aussi de grandir et de s’adapter. La souffrance, comme la joie, fait partie de la vie et pas plus que nous, la personne ou l’enfant handicapé ne peut y échapper. Traduire la souffrance en mots et en images, c’est essayer de la rendre compréhensible. C’est également montrer ce qui est mis en oeuvre pour surmonter et dépasser cette souffrance.
Car ces gens-là ont souvent une attitude héroïque face à leur vie et à la vie en général. Ce sont des gens exceptionnels par leur énergie, leur volonté, leur courage, leur humanité. Dans notre différence avec eux, nous avons le choix entre regarder ce qui leur manque ou voir ce qu’ils possèdent en plus. Ce sont peut-être des personnes à part mais ce qu’elles nous donnent à voir d’elles en font assurément des personnes à part entière. Le spectacle est conçu un peu sur le principe d’un livre de nouvelles orientées autour d’un même thème. Comme je n’avais pas envie de simplement juxtaposer ces 3 histoires, j’avais besoin d’un lien physique, charnel entre elles, une sorte de monsieur loyal qui, un peu comme au cirque, assure le passage entre deux numéros. Est ainsi né le personnage de Gaby. Gaby, un montreur de phénomène d’espoir ! Dans une ambiance baraque de foire mais décalée, Gaby expose non pas la monstruosité mais la beauté et la vitalité qui émanent, pour peu qu’on s’y attarde, du mal fichu, du bancal et du tout tordu. C’est un bonimenteur qui ne vendrait pas du vent mais offrirait du vrai.
La trame du spectacle
Quand on ne ressemble pas à tout le monde, ce n’est pas toujours facile !
Le spectacle est composé de 3 petites histoires toniques d’enfants pas tout à fait comme les autres, présentées tour à tour par Gaby, montreur de phénomènes d’espoir. Gaby va nous présenter et nous faire vivre des moments de la vie de ces héros, tout simplement différents.
Le spectacle est inspiré et adapté de 3 albums pour la jeunesse: La petite Casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier (éd. Bilboquet), Le Mangeur de Mots de Dedieu (éd. Seuil jeunesse) et Le Coeur-enclume de Jérôme Ruillier (éd. Sarbacane).
- « La petite casserole d’Anatole » : Traduisant physiquement et concrètement ce que veut dire l’expression « trainer une casserole », cette histoire nous plonge dans la peau d’un enfant un peu différent des autres et nous montre très intelligemment les difficultés quotidiennes qu’il rencontre, mais aussi les solutions qu’il trouve pour vivre comme tout le monde.
- « Le Mangeur de mots » a une capacité incroyable à nous faire pénétrer dans le monde de Le Bougni (le petit garçon de cette histoire) et nous faire ressentir l’infinie richesse qu’il recèle. Avec aussi cette envie folle de vouloir tout savoir du monde et de vouloir le dire à tout prix, d’être en permanente connexion avec l’extérieur. Au point de s’y perdre, avant d’emprunter de fabuleux chemins pour un retour plein d’espoir, vers l’humain.
- « Le Coeur-Enclume » : bien au-delà de l’habituelle compassion et du « politiquement correct » sur le sujet, il aborde le handicap sous l’angle du ressenti des parents et pose la question de la difficulté à accepter son propre enfant quand il est différent.
Entre fantaisie, imaginaire et réalité, filant parfois la métaphore, le spectacle traite du thème du handicap avec finesse et poésie et dévoile un peu de l’univers de ces enfants différents, où le regard des autres est souvent fuyant. Sans jamais sombrer dans la gravité ou la mièvrerie mais au contraire, jouant avec la légèreté de façon pertinente, le spectacle “3 petits contes, mal fichus, bancals et tout tordus” est une manière optimiste d’aborder le droit à la différence et le devoir d’accepter l’autre. Car pour chacun de ces courts récits, l’amitié, la solidarité, la tolérance, l’amour et l’humour sont toujours au rendez-vous.