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Sylvain Cariou nous présente ses missions de Référent Handicap pour les accueils de loisirs de la Vienne.
Les missions d’un Référent Handicap pour les accueils de loisirs de la Vienne et le PARI 86 (Pole d’Appui et de Ressources à l’Inclusion)
Qu’est ce qui a amené une fédération d’éducation populaire à s’intéresser à la question du handicap et à créer ce dispositif ?
A partir de 2008/2009, plusieurs groupes d’acteurs des Accueils de Loisirs Sans Hébergement (ALSH) de la Fédération des Centres Sociaux de la Vienne (animateurs, directeurs) s’interrogent sur l’accueil d’enfants en situation de handicap sur leurs structures. L’accueil était déjà une réalité, mais les équipes éprouvaient parfois des difficultés à accueillir dans de bonnes conditions. Ces groupes évoquent leur méconnaissance de ce public, l’absence de partenariat avec les structures médo-sociales et s’interrogent sur leur légitimité à accueillir.
Constatant l’absence de réponse formalisée sur le département, la Fédération des Centres Sociaux de la Vienne (FCSV) décide d’aller observer d’autres initiatives existantes en France pour s’inspirer de ces expérimentations et évaluer la faisabilité de construire un dispositif dans la Vienne. La FCSV se positionne comme porteur du projet, considérant que le futur dispositif s’adressera aux ALSH, plus qu’au public handicapé. L’accompagnement des accueils de loisirs en milieu ordinaire étant une des missions de la FSCV. Elle promeut l’accès aux accueils de loisirs à tous les enfants d’un territoire, y compris donc aux enfants en situation de handicap.Avec l’appui de la CAF, de la DDCS, du Conseil général et de la MSA, il est donc convenu de créer un poste de référent handicap pour les ALSH de tout le département. Cette expérimentation débute en septembre 2010.
En juillet 2019, dans le cadre d’un partenariat entre la Fédération des Centres sociaux de la Vienne et les PEP 86, un transfert de poste a été opéré vers ces derniers. C’est la rencontre d’un mouvement d’éducation populaire et du médico social, et la naissance d’une nouvelle apellation : le Pole d’Appui et de Ressource à l’Inclusion de la Vienne (PARI 86).
Le dispositif est donc désormais porté par les PEP 86
Quels sont vos missions et votre rôle ?
Depuis que ce poste existe, mes missions ont évoluées en fonction des besoins identifiés. Aujourd’hui, je propose 4 axes d’interventions qui concourent tous à favoriser l’inclusion :
- J’accompagne les ALSH ayant reçu une demande de parents en organisant une rencontre partenariale avec tous les acteurs éducatifs de l’enfant (parents, direction de l’accueil, éducateurs, instituteurs, AVS….). Cette rencontre a pour objet d’évaluer ensemble la faisabilité de cet accueil par rapport aux besoins de l’enfant et la capacité de la structure à pouvoir y répondre. Par ailleurs, des freins étant éventuellement identifiés grâce aux acteurs éducatifs de l’enfant, cela me permet de proposer des aménagements qui seront ensuite travaillés avec les équipes d’animations. Nous travaillons sur l’aménagement de l’environnement d’accueil (rythme, activités, accessibilité, communication…).
- J’anime des modules de sensibilisation sur le handicap pour les équipes d’animation du département. Ce sont des modules gratuits qui visent à lutter contre les représentations. Ils permettent d’exprimer d’éventuels freins ressentis et de donner des pistes de réflexions pour dédramatiser l’accueil.
- Je forme les professionnels permanent des structures d’accueil (animateurs permanent, directeurs) sur plusieurs thématiques sur l’accueil de la différence J’interviens également dans le cadre de formations des métiers de l’animation.
- Enfin, je mets à disposition des ALSH des malles pédagogiques spécialement créés pour aborder avec tous les enfants la question du handicap, et plus généralement les différences et le vivre ensemble. Ces supports (livres, DVD, jeux…) visent à aider les animateurs à aborder ce sujet qui peut interroger ou inquiéter avec des outils ludiques qui dédramatisent
Quels sont vos missions et votre rôle auprès des familles ?
Ma mission est d’accompagner les ALSH du département dans leurs démarches d’inclusion du public en situation de handicap. Je n’accompagne pas directement les familles, je les invite à solliciter l’organisme de leurs choix pour effectuer les démarches d’accueil de leur enfant comme toute autre famille.
En revanche, je me rends disponible auprès de l’ALSH choisi pour préparer l’arrivée de l’enfant. Les parents sont toujours associés à cette démarche de construction de l’accueil sur mesure.
Mon rôle consiste aussi à considérer les limites de l’accueil en milieu ordinaire. Si l’accueil ne peut avoir lieu dans la structure choisie par la famille, j’accompagne alors les parents vers d’autres alternatives (séjours adaptés, autre ALSH..)
Une fois que l’enfant est accueilli, êtes-vous sollicité en cours d’accueil ?
Dans la très grande majorité des accueils que j’ai pu préparer (113 à ce jour), la phase de préparation, si elle a pu s’effectuer correctement (association des acteurs, anticipation de l’inscription, écoute des craintes, soutien aux équipes, aménagement de l’environnement..) suffit à accueillir dans de bonnes conditions. L’accueil se fait dès lors avec les mêmes ajustements que pour n’importe quel autre enfant.
Néanmoins, il arrive que pendant le séjour, on réajuste ou modifie certains outils imaginés pour favoriser l’inclusion qui ne s’avère pas pertinent (rythme d’accueil, individualisation de l’accompagnement, utilisation de pictogrammes, changement de méthode pour l’accompagnement aux actes de la vie quotidienne..).
Enfin, je constate qu’à partir du moment où l’équipe d’animation a eu le temps de connaitre l’enfant et de se familiariser à sa personnalité, ses habitudes, ses besoins, leurs compétence d’animation et leur créativité leur permettent la plupart du temps d’adapter l’accueil au fur et à mesure de son déroulement.
L’intervention du référent handicap n’est alors pas toujours nécessaire et c’est tant mieux. Notre objectif est de permettre à chaque structure de s’approprier une méthode d’accueil pour qu’à terme, une intervention extérieure ne soit plus nécessaire. Ce sera alors le signe que la démarche d’inclusion se banalise.
Comment se saisissent les différents acteurs du territoire de la question de l’accueil de l’enfant en situation de handicap dans le secteur des loisirs?
Pour les ALSH en milieu ordinaire de notre département, la « politique » de chacune de ces structures est très diverse. J’ai donc des ALSH qui ont une solide expérience de ces accueils et qui la formalise (projet pédagogique, éducatif, thématique du handicap abordé lors des entretiens de recrutement des animateurs, utilisation de pictogrammes pour tous les enfants, emploi d’animateurs en situation de handicap…) et puis, d’autres structures qui « débutent » en accueillant pour la première fois. J’essaie d’organiser des temps de rencontres à l’échelle du département pour que les différentes équipes échanges et partagent leurs expériences.
Par ailleurs, la Caisse d’Allocation Familiale de notre département est très investie sur la question de l’accueil de tous les enfants, en participant à mon poste et en accompagnant financièrement les ALSH de la Vienne.
Enfin, la DDCS de la Vienne organise régulièrement des tables rondes, formations et autres rencontres autour de la question du handicap. Tous les ALSH sont alors sensibilisés à cette question.
Sur le département, comment les différents acteurs travaillent-ils ensemble cette question ?
Au démarrage de notre action, le maillage partenarial était faible. Il existait peu de temps et d’espaces où tous les acteurs éducatifs étaient réunis pour construire un projet d’accueil partagé. En fonction des interlocuteurs, l’enfant était alors soit «un fils » (parents), un «élève » (éducation nationale), un «usager » (éducation spécialisée), un «patient » (pédo psychiatrie)….bref, il a fallu amorcer les conditions d’un travail en partenariat avec des acteurs qui n’avaient pas le même vocabulaire, les mêmes objectifs, ni les mêmes moyens… Le fait de proposer à ces acteurs, de culture différente, de s’associer pour travailler l’accueil en ALSH a permis de casser les représentations des uns et des autres et de construire ensemble un projet d’accueil pour les vacances.
S’il reste encore du travail pour associer davantage la MDPH de la Vienne dans cette dynamique, avec le recul de ces 5 ans d’expérimentations, je vois aujourd’hui des structures médico-sociales se préoccuper de l’accueil en ALSH, des équipes d’animations s’autorisant à solliciter les IME par exemple, des parents qui s’autorisent aussi à penser l’accueil de leurs enfant sur l’ALSH de leur village ou de leur quartier…
A partir de situations singulières, des initiatives se sont montées sur le département, par exemple des rencontre régulières entre enfants d’ALSH et enfants d’un IEM, des ALSH qui font du handicap la thématique de leur vacances et bien d’autres.
Mon intervention en tant que tiers neutre a permis des ponts entres des acteurs qui jusque-là étaient « cloisonnés » au profit de l’enfant et de sa famille.
Je crois que la Vienne est aujourd’hui un territoire observé, et reconnu pour ses initiatives pour promouvoir le vivre ensemble et l’accès aux dispositifs de droits communs.
D’ailleurs, à l’échelle de la région Poitou-Charentes, des initiatives similaires sont en train de voir le jour en s’inspirant du dispositif de la Vienne.
Et, à partir de notre région, nous espérons pouvoir, à l’avenir, fédérer toutes les autres initiatives de France, car elles existent et elles mériteraient de pouvoir se rencontrer pour essaimer leur modèle et partager leurs expériences d’inclusion.
Enfin, la question de l’inclusion dans tous les lieux de vie de l’enfant s’est étendue au champ de la petite enfance ; ainsi début 2015, la FCSV et l’ACEPP 86, ont créé et portent le poste de référente handicap pour les structures d’accueil du jeune enfant (crèches, RAM..).
Entre 2011 et 2020, ce sont près de 350 enfans de 0 à 18 ans (ALSH, EAJE et ass mat) qui ont été accompagnés dans leur projet d’accueil et plus de 1500 professionnels de l’animation et de la petite enfance qui ont été formés par les 2 référents handicap.
Contact
PARI 86 (Pole d’Appui et de Ressources à l’Inclusion)
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