Handicap(s) et psychomotricité

Handicap(s) et psychomotricité
05.03.2025 Réflexion sur Temps de lecture : 8 min

Le travail de psychomotricien auprès de votre enfant

La profession

La psychomotricienne est une professionnelle paramédicale, ce qui veut dire qu’elle agit sur prescription médicale. Elle peut intervenir dans le cadre de la prévention, du dépistage ou du soin ; en cabinet libéral ou en institution (CAMSP, CMP, IME, SESSAD…). Elle est, comme son nom l’indique, spécialiste du développement psychomoteur !

Le métier de psychomotricien, encore souvent méconnu, est au croisement d’autres professions, sans bien sûr s’y substituer ! Voici quelques repères, forcément schématiques et un peu réducteurs, pour s’y retrouver :

Comme le psychologue, la psychomotricienne s’intéresse aux émotions.
L’outil de travail du psychologue est principalement la parole, là où la psychomotricienne utilise en premier lieu le corps. Ainsi par exemple, avec un patient très en colère, elle peut mettre une musique très dynamique pour se libérer de l’émotion par le mouvement, ou encore crier très fort. Avec un patient anxieux, il est possible de proposer un temps de relaxation, un massage voire des bercements pour les plus jeunes.

Comme le kinésithérapeute, la psychomotricienne est spécialiste du corps, du développement psychomoteur.
Là où le kinésithérapeute cherche à améliorer la technique, la performance, l’endurance , l’amplitude, la vitesse, la force du geste, la psychomotricienne se situe plutôt du côté du ressenti sensoriel, du vécu corporel, de la confiance en son corps et de l’envie de bouger ! Ainsi certains patients accepteront de danser avec la psychomotricienne, avant de se lancer dans la marche avec le kinésithérapeute.

Comme l’orthophoniste, la psychomotricienne s’intéresse à la communication, aux repères spatio-temporaux, à la concentration, aux raisonnements.
Tous ces éléments trouvent leurs fondements dans le corps : avant de savoir ce que veulent dire les termes “ en haut, en bas, dedans…” et de pouvoir le travailler à table en orthophonie, les enfants ont besoin de le vivre dans leur corps, en passant sous la table, sur la poutre, dans le tunnel, entre les cerceaux… Et cela se fera plutôt en séance de psychomotricité. De même, lorsque le langage verbal n’est pas (encore) possible, le psychomotricien pourra s’appuyer sur l’imitation corporelle, le plaisir de faire ensemble pour créer du lien, des interactions.

Comme l’ergothérapeute, la psychomotricienne travaille autour de l’équilibre, des coordinations et de la motricité fine.
L’ergothérapeute s’occupe de tous les aménagements nécessaires pour permettre d’adapter l’environnement et le rendre accessible à la personne. Si je continue de schématiser, je dirais que la psychomotricienne aide le patient à appréhender, apprivoiser son handicap. Si je prends la question de l’écriture, qui revient souvent : l’enfant qui a des troubles de la coordination (dyspraxie, TDC) avant d’accepter de travailler l’écriture, a besoin de retrouver du plaisir à faire avec ce corps “incoordonnable”, d’apprendre à rater et recommencer, de construire son estime de lui. Parfois, les troubles sont trop envahissants, et une évaluation avec l’ergothérapeute permettra d’adapter l’environnement en parallèle (stylo spécifique, guide doigts, feuilles à lignes spéciales, ordinateur…). Parfois, cela sera une forme de relais, une fois l’estime de soi suffisamment restaurée avec la psychomotricienne, l’enfant sera plus à même d’accepter de travailler certains aspects plus techniques du geste avec l’ergothérapeute.

Les signes d’alertes, les indications

Il est impossible de dresser une liste exhaustive des signes d’alertes pouvant conduire à une indication en psychomotricité.
Il existe des questionnaires élaborés par la HAS qui permettent de savoir s’il y a un écart à la norme dans le développement de votre enfant entre 0 et 12 ans, dans le cadre des troubles neuro-développementaux (TND) 
Toutefois, le travail de la psychomotricienne ne se résume pas au dépistage et au soin des enfants ayant un TND. D’autres signes peuvent conduire en psychomotricité : repli relationnel, enfant difficile à apaiser, une grande inhibition motrice et/ou sociale, un syndrome génétique…
Le collectif Communic’Actif des psychomotriciens a fait plusieurs affiches pour illustrer plusieurs indications chez les enfants, et aussi pour d’autres populations.

Le bilan psychomoteur

C’est la première étape de tout suivi. Il peut contribuer à une démarche diagnostic et sert de repère dans l’évolution de l’enfant. Il sert à évaluer le besoin d’un suivi, et alors établir un projet thérapeutique.
La psychomotricienne s’appuie sur différents bilans cotés (dont certains sont vraiment spécifiques aux psychomotriciens, comme l’Échelle des Particularités Sensori-motrices dans l’Autisme (EPSA), le DF mot, le NP mot ….) et sur son observation clinique pour analyser les liens entre le pouvoir faire, le savoir faire et le vouloir faire.
Elle observe, en lien avec l’histoire de l’enfant et de sa famille, ses capacités et ses difficultés dans plusieurs champs du développement psychomoteur : motricité globale ; motricité fine ; repères dans le temps et dans l’espace ; gestion de l’attention, des émotions, du tonus ainsi que sa relation aux autres et au monde qui l’entoure.
Cela reste avant tout un temps de rencontre : l’enfant doit pouvoir se sentir en confiance, ce qui demande parfois du temps et des aménagements. Le bilan est suivi du compte-rendu de bilan (écrit et oral) à destination des parents, du médecin prescripteur et éventuellement des autres soignants s’occupant de l’enfant.

Les séances

Les séances peuvent se faire en présence d’un parent, que ce soit pour favoriser les interactions parent-enfant, pour expliquer le travail réalisé, donner du sens aux difficultés observées, répondre aux questions, ou encore soutenir le parent qui peut être mis à mal dans son rôle et son estime de lui-même. Et parfois, lorsque l’enfant grandit, il vient seul en séance, c’est son « espace »
Quelles que soient les difficultés de votre enfant, le risque est de se focaliser sur les « manques » et d’en oublier les « possibles ». Le suivi en psychomotricité se base sur le plaisir partagé et le « plaisir d’être » pour explorer le monde qui l’entoure et son propre corps. Les séances se construisent essentiellement autour du jeu : jeu moteur, jeu de société, jeu d’expression…

maison de jeu pour enfant en crèche

Un des classiques du psychomotricien c’est le parcours psychomoteur ! C’est finalement un enchaînement d’obstacles plus ou moins difficiles à franchir…. Cela développe l’exploration motrice, la capacité à se servir de son corps et la confiance en soi ! Cela permet aussi, pour les plus grands, de structurer l’espace et le temps.
Les jeux de ballons sont aussi très utilisés : d’abord pour créer le lien, puis pour les coordinations, mais aussi pour la gestion des émotions.

Le toucher-massage est encore une autre carte du psychomotricien. Par cette approche, il peut tout à la fois stimuler, apaiser, mobiliser l’enfant.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce qui peut être proposé en séance de psychomotricité. D’autres médiations sont possibles : balnéothérapie, cirque, danse, mîmes, peinture, terre, sable…

La psychomotricienne, en accord avec les parents, se met en lien avec les autres professionnels, la crèche ou l’école, selon les besoins.
Le point est fait régulièrement avec les parents. En libéral, certaines situations ne nécessitent que quelques séances, d’autant plus si la prescription intervient de manière précoce, dès les premiers signes d’alertes. Le plus souvent, l’enfant arrive en psychomotricité avec des troubles bien établis, le suivi est alors en moyenne d’au moins une année scolaire avec parfois un relais vers une institution ; mais bien sûr cela varie en fonction de chaque enfant. Avant la fin d’un suivi, il est important d’envisager quelques séances pour préparer l’enfant à cet arrêt, afin qu’il s’y prépare.

Les financements

Les aides financières peuvent être  :

Réseau périnatal (pour les grands prématurés uniquement, selon les départements)
Parcours PCO (pour les enfants de 0 à 12 ans en cas de suspicion d’un TND, selon les départements)
Parcours COCON (pour les enfants de 0 à 2 ans dits “vulnérables”, dispositif en cours d’expérimentation en occitanie, avec l’objectif d’une généralisation en 2027
AEEH (allouée sous certaines conditions par la MDPH)
Mutuelles (selon les contrats)

Pour en savoir plus

Vous pouvez contacter le collectif Communic’actif :
https://lesimpuls.wixsite.com/ccapsychomot

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