La profession
La psychomotricienne est une professionnelle paramédicale, ce qui veut dire qu’elle agit sur prescription médicale. Elle peut intervenir dans le cadre de la prévention, du dépistage ou du soin ; en cabinet libéral ou en institution (CAMSP, CMP, IME, SESSAD…). Elle est, comme son nom l’indique, spécialiste du développement psychomoteur !
Le métier de psychomotricien, encore souvent méconnu, est au croisement d’autres professions, sans bien sûr s’y substituer ! Voici quelques repères, forcément schématiques et un peu réducteurs, pour s’y retrouver :
Comme le psychologue, la psychomotricienne s’intéresse aux émotions.
L’outil de travail du psychologue est principalement la parole, là où la psychomotricienne utilise en premier lieu le corps. Ainsi par exemple, avec un patient très en colère, elle peut mettre une musique très dynamique pour se libérer de l’émotion par le mouvement, ou encore crier très fort. Avec un patient anxieux, il est possible de proposer un temps de relaxation, un massage voire des bercements pour les plus jeunes.
Comme le kinésithérapeute, la psychomotricienne est spécialiste du corps, du développement psychomoteur.
Là où le kinésithérapeute cherche à améliorer la technique, la performance, l’endurance , l’amplitude, la vitesse, la force du geste, la psychomotricienne se situe plutôt du côté du ressenti sensoriel, du vécu corporel, de la confiance en son corps et de l’envie de bouger ! Ainsi certains patients accepteront de danser avec la psychomotricienne, avant de se lancer dans la marche avec le kinésithérapeute.
Comme l’orthophoniste, la psychomotricienne s’intéresse à la communication, aux repères spatio-temporaux, à la concentration, aux raisonnements.
Tous ces éléments trouvent leurs fondements dans le corps : avant de savoir ce que veulent dire les termes “ en haut, en bas, dedans…” et de pouvoir le travailler à table en orthophonie, les enfants ont besoin de le vivre dans leur corps, en passant sous la table, sur la poutre, dans le tunnel, entre les cerceaux… Et cela se fera plutôt en séance de psychomotricité. De même, lorsque le langage verbal n’est pas (encore) possible, le psychomotricien pourra s’appuyer sur l’imitation corporelle, le plaisir de faire ensemble pour créer du lien, des interactions.
Comme l’ergothérapeute, la psychomotricienne travaille autour de l’équilibre, des coordinations et de la motricité fine.
L’ergothérapeute s’occupe de tous les aménagements nécessaires pour permettre d’adapter l’environnement et le rendre accessible à la personne. Si je continue de schématiser, je dirais que la psychomotricienne aide le patient à appréhender, apprivoiser son handicap. Si je prends la question de l’écriture, qui revient souvent : l’enfant qui a des troubles de la coordination (dyspraxie, TDC) avant d’accepter de travailler l’écriture, a besoin de retrouver du plaisir à faire avec ce corps “incoordonnable”, d’apprendre à rater et recommencer, de construire son estime de lui. Parfois, les troubles sont trop envahissants, et une évaluation avec l’ergothérapeute permettra d’adapter l’environnement en parallèle (stylo spécifique, guide doigts, feuilles à lignes spéciales, ordinateur…). Parfois, cela sera une forme de relais, une fois l’estime de soi suffisamment restaurée avec la psychomotricienne, l’enfant sera plus à même d’accepter de travailler certains aspects plus techniques du geste avec l’ergothérapeute.