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Qu’est-ce que le Case management et pourquoi se développe-t-il si rapidement ?
Jean-René LOUBAT présente la fonction de Case manager (ou de coordinateur de parcours)
Plusieurs appellations pour une même fonction
Couramment utilisé dans de nombreux pays depuis plusieurs décennies, le terme de Case management était jusqu’alors demeuré confidentiel en France. Traduite littéralement par « gestionnaire de cas » (mais gestionnaire de situation serait sans doute plus parlant), l’appellation a été utilisée à l’endroit de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Mais la tendance dans notre pays est de lui préférer fréquemment d’autres dénominations comme « coordinateur de parcours, facilitateur ou référent de parcours, assistant de projet de vie », etc. Dans le monde, il existe également une infinité d’appellations différentes mais toutes cependant renvoient à une fonction largement similaire présentant les mêmes caractéristiques.
L’origine du Case management
Le Case management est apparu aux USA à la fin de la seconde guerre mondiale afin de faciliter l’orientation des blessés de guerre dans les services les plus appropriés. Il s’est développé par la suite dans les domaines les plus divers comme l’accompagnement de personnes en difficultés sociales, en situation de handicap, en matière de recherche d’emploi, de lutte contre les addictions, etc. De fait, il s’agit d’une posture et d’une méthode de travail que l’on peut pratiquer dans des domaines et auprès de publics bénéficiaires très différents.
Au départ, le Case management concernait essentiellement les situations les plus délicates qui échappaient aux systèmes communs (que ce soit dans le domaine de la santé ou de la marginalité sociale) avant de concerner un ensemble beaucoup plus large de situations. En France, nous suivons le même processus, le Case management ou la coordination s’appliquent officiellement aux « situations dites complexes », mais de fait, beaucoup d’opérateurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux mettent en place des services de case managers ou de coordinateurs de parcours à l’endroit de tous leurs bénéficiaires, quelques soient leurs âges et leurs situations.
Promouvoir le pouvoir d’agir des personnes
Le Case management s’est développé pour améliorer l’efficacité des ressources et des dispositifs existants en ciblant (personnalisant) davantage les réponses et en les ajustant au mieux à la situation de chaque bénéficiaire, que ce soit en matière de santé, d’accompagnement social et médico-social. Les partisans du Case management se sont intéressés à ce qu’ils appellent l’état actif, c’est-à-dire le contraire d’un « état assisté ». De nombreuses études ont en effet montré le rôle contre-productif de l’assistanat systématique qui condamne des populations entières à devenir dépendantes d’établissements, de systèmes d’allocations, à l’image des états sous-développés, eux-mêmes surendettés et dépendants de façon permanente des aides internationales.
Aujourd’hui, en France comme ailleurs, on tend à privilégier le développement du « pouvoir d’agir » et de l’autodétermination des personnes en difficultés ou en situation de handicap, de façon à les rendre plus autonomes et capables de vivre avec leurs différences parmi les autres au sein de l’environnement commun et non plus dans des lieux à part (c’est pour cela qu’on parle « d’accès au droit commun » : en anglais mainstreaming).
Pour ce faire le Case management fait appel aux aspirations et souhaits de la personne pour la motiver et l’aider à réaliser son propre « projet de vie » et non un projet pensé pour elle.
Une posture et une méthode au service des personnes
Le Case management propose donc d’aider une personne par un accompagnement actif dans son propre environnement, en s’appuyant sur ses capacités et ressources propres, et en bâtissant avec elle un « plan d’action » doté d’objectifs et d’étapes s’inscrivant dans une durée déterminée, d’où le terme de parcours. Il se caractérise par la personnalisation, la participation de la personne, une coordination de divers partenaires et de ressources, l’assurance d’un soutien continu, une évaluation partagée des effets obtenus. On dit souvent qu’un Case manager est à la fois un coach, un avocat, un courtier, un ambassadeur, parce qu’il soutient et conseille la personne tout en veillant au respect de ses droits et de ses attentes.
Une fonction en plein développement
La fonction de Case manager (ou de coordinateur de parcours) est appelée à se développer toujours davantage. Les formations se multiplient, qu’elles s’intitulent « formation de Case management » (comme à l’Université de Tours) ou de « Référent parcours handicap » (comme à celle de Bordeaux) ou de Coordinateurs de parcours au sein de multiples organismes de formation. Cette fonction séduit de plus en plus de professionnels parce qu’elle leur permet une relation beaucoup plus indépendante et personnalisée et s’avère concrète et efficace, qu’elle se pratique largement en dehors « d’établissements traditionnels ». Elle peut en effet s’exercer en tant que salarié d’un service, mais aussi en tant qu’auto-entrepreneur, travailleur indépendant, membre d’une coopérative ou employé directement par la personne bénéficiaire.
Exemple d’un projet de vie accompagné par un case manager
Kevin a 23 ans, est accueilli en IME en journée et vit chez ses parents. Il s’est vu proposer plus de douze stages en Esat… Il témoigne de comportements inadaptés et de difficultés à respecter les horaires, à se concentrer et à se motiver au travail. La situation jugée « complexe » est alors confiée au service de Case management de l’association.
Son case manager va inventorier avec lui et sa famille ses besoins, ses choix, ses priorités, les ressources existantes (familiales, amicales, associatives, financières, du droit commun ou des secteurs spécialisés), mais aussi ses compétences et les prérequis à acquérir pour mener à bien ses projets.
L’évaluation de sa situation et les entretiens motivationnels permettent au case manager de définir avec Kévin son « projet de vie » et les étapes de son plan d’accompagnement. Le case manager suit la situation, coordonne les aidants professionnels et familiaux, aménage les actions, facilite l’auto-évaluation de Kévin. Celui-ci précise son idéal : « Travailler chez Mac Donald. » Quelques mois plus tard, après un stage, Kévin sera embauché par Mac Donald et finira par vivre à son propre domicile.
Jean-René LOUBAT est psychosociologue, docteur en sciences humaines, consultant et formateur libéral auprès des institutions sanitaires, sociales et médico-sociales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont récemment Cordonner plans et parcours personnalisés chez Dunod.
mail : jeanreneloubat@gmail.com
www.jeanreneloubat.fr
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