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- Signer en crèche, signer avec les bébés
Une chance pour les enfants dont le développement questionne et leurs parents ?
Qu’est-ce que les signes apportent aux petits bébés ? Les bénéfices des signes pour les bébés peuvent nous motiver pour les proposer aux bébés qui ont un handicap ou un risque.
La proposition de signer avec les bébés n’est pas au départ imaginée pour les enfants en difficulté de communication. Hors, on sait maintenant que la communication vers les bébés accompagnée de signes et de gestes, permet une meilleure communication de l’adulte vers l’enfant et permet aussi à l’enfant de rentrer plus vite dans la communication symbolique et le langage.
Les signes aident l’enfant à écouter…à comprendre. Et avec nos mains, nous lions tout à la fois ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il ressent. Nos mains l’aident à comprendre ce que nous disons. :
“Il écoute avec ses yeux…” ou bien : ”ils écoutent mieux quand je signe.”
“Quand je parle, il ne veut pas entendre ; quand je signe, il écoute.”
Nos mains les aident à savoir où trouver les mots importants dans les phrases que l’on dit. Nos mains deviennent un surligneur, et permettent à l’enfant de “voir” les mots – clé.
La langue des signes oblige à communiquer d’une autre manière: regarder l’enfant, attendre le regard, capter son attention, prendre le temps de lui parler, diminuer le débit de parole.
Cela nous aide au quotidien avec les enfants, les signes apaisent les enfants, il y a moins de frustration. Lorsqu’un signe est acquis, que l’enfant comprend la signification, nous pouvons leurs apprendre de nouveaux signes, l’enfant est réceptif attentif .
Les mains vont l’aider à dire : dire simplement « encore », « manger », mais aussi partager ce qui l’intéresse, ce qui l’intrigue, ce qu’il aime : c’est le bébé qui dirige !
On n’a pas besoin de deviner, il peut dire.
Satine, 10 mois, commence vraiment à signer.
Vu de l’extérieur, tout est pareil, mais je vois qu’elle fait des distinctions entre les signes .
Il y a des signes majeurs
- Il s’agit de « regarde ». Regarde est un super signe pour aider le bébé, qui furète et qui regarde partout, à regarder ce qui est réellement important. C’est comme un minuscule fil, qui va des yeux du bébé … aux autres enfants, à papa qui rentre, à un animal, l’assiette… on voit bien comme il va aider les bébés en difficulté à s’ouvrir sur le monde.
- Il y a ”donne” qui aide à prendre conscience des autres. Et il y a « s’asseoir », un signe magique parmi les signes français, qui invite un bébé énergique à s’asseoir !
- Et tous les signes qui permettent de dire à l’enfant ce qui va se passer pour lui ; toujours l’avertir. « Je vais te débarbouiller, changer ta couche… ». Et les résultats stupéfient toujours les adultes. La vie devient plus facile !!! Moins de pleurs…
- Et à la crèche, les signes ritualisent les routines quotidiennes : les repas, la toilette, attendre…
Je voudrais faire une place particulière à l’expression des émotions.
Aider les bébés à comprendre et nommer ce qu’ils ressentent. La colère, la tristesse, la joie, mais surtout, la vitale émotion de la peur… nous ressentons les émotions du bébé, nous les nommons, nous les expliquons: avec nos mains, avec nos mots, nous expliquons au bébé pourquoi il est triste, ou en souffrance, ou en colère, ce qui lui a fait peur … et on voit ce petit comprendre et se calmer. C’est à chaque fois tout à fait émouvant
Les signes ancrent la communication dans le regard, lui donnent une armature. Nous nous donnons un outil pour mieux nous »brancher » l’un avec l’autre.
On ne peut pas signer sans regarder l’enfant. On doit ralentir, se baisser également.
Signer calme les bébés agités, cela nous ralentit
Au moment des repas, plus de stress… ils sont là, ils nous regardent, ils signent, ils chantent
Quand nous signons, nous indiquons à l’enfant que ce que nous lui disons est important pour lui et pour nous
c’est terrible, a dit une directrice, je me suis rendue compte que je ne regardais jamais les enfants quand je leur parlais
Le fait aussi que les adultes ne connaissent normalement que peu de signes, leur donne un cadre pour les aider à simplifier leur langage, à utiliser moins de mots..(sauf je l’avoue pour certaines mamans rencontrées qui se croyaient obligées d’utiliser tous les signes du dictionnaire)
Une fois posés ces préalables, on voit déjà ce que la proposition des signes avec tous les bébés peut apporter aux parents et aux bébés ayant des difficultés de communication.
Comment les choses se passent-elles en crèche ?
On voit aussi des structures d’accueil des petits se former à l’utilisation des signes dans la collectivité. Et on les voit cheminer en parallèle dans l’accueil des enfants dits différents. Les signes devenant alors une vraie chance pour les enfants handicapés, de trouver leur place dans le groupe, la proposition de signer étant adressée à tous ne stigmatise pas les besoins spécifiques de l’enfant handicapé.
Du côté de l’équipe, il y a eu un changement dans la relation avec les enfants. En utilisant ce langage, nous observons que les enfants sont plus calmes. Ceux dont les parents n’ont pas suivi la formation sont également très intéressés et parviennent à utiliser ce langage. Personne n’est exclu. C’est au contraire un élément fédérateur. Nous avons l’habitude et la volonté de mélanger les tranches d’âge. Ce langage permet vraiment aux petits de trouver leur place et aux grands de s’amuser avec eux.
Actuellement, les enfants baignent dans les signes. On parle en signant, on chante en signant. Les professionnelles signent, les parents signent lors des permanences. Les enfants se sont approprié ce langage. Ils regardent, ils comprennent et la plupart savent maintenant signer. Et tout le monde peut en apprécier les avantages
Le LS au début est tout nouveau pour l’enfant, à la maison les parents n’ont jamais signé avec eux. Lorsque l’enfant sait un signe, qu’il le répète nous le communiquons aux parents. On laisse le choix aux parents de signer avec leurs enfants. Nous avons remarqué que les enfants sans frustration signent peu, juste pour « boire » « encore » « manger » « gâteau ».
Il se trouve que les ateliers ont commencé l’année où Antoine est arrivé à la crèche. Je dois dire que j’ai trouvé ça très rassurant. D’autant plus rassurant que cela mettait a priori, Antoine sur le même pied d’égalité que les autres enfants (même si un bébé d’un an signait mieux que lui à deux ans !). Les signes créaient donc un socle commun entre tous les enfants, mais aussi les adultes (parents et professionnels). Je me souviens aussi d’un petit garçon russe qui ne maîtrisait pas du tout le français et pour qui les signes ont été d’un grand secours. Au départ, j’ai donc vraiment senti un véritable engouement de la part des parents et des professionnelles de la crèche. Cela a créé une émulation, notamment au moment des comptines, des chansons et au moment des repas (je ne pense pas qu’à aucun moment les signes aient été intégrés sur une journée entière et utilisés systématiquement à chaque prise de parole).
Mon fils est porteur de trisomie 21 .C’est une chance inespérée pour lui qui « baigne » ainsi du matin au soir dans les signes, qu’il soit à la crèche ou à la maison. A 2 ans et demi, notre fils ne parle toujours pas mais il maîtrise une bonne dizaine de signes qui lui permettent de s’exprimer et de participer à de nombreux échanges avec son entourage. Son premier signe a été « encore » (voir photo « encore du gâteau au chocolat »); les autres correspondent aux moments clés de la journée : les repas (manger, pain, gâteau, encore, fini…), les temps de jeux (signes des animaux, ballon, cubes, livre…), le bain, le coucher. Le projet est vraiment une très belle idée qui permet à tout enfant et adulte de communiquer autrement que par la parole, et de fait, contribue à l’enrichissement de chacun.
La langue des signes participe a la mise en place d’une relation collective différente au sein de la structure petite enfance. L’accueil doit avant tout être respectueux de l’individu tout en s’établissant dans un environnement collectif. L’adulte, parent ou professionnel, cherche à établir une relation individuelle pour répondre aux besoins de enfant. La méthode “signe avec moi” facilite cette démarche, car elle demande à tous les interlocuteurs de porter attention aux autres. Le dialogue se construit par de l’attention, par la recherche de réponses, puis petit à petit un vocabulaire d’échange collectif se met en place, le signe mettant le mot en résonance. Le langage verbal et le signe sont complémentaires, ils aident a créer une relation de partage. Chacun s’approprie ce qui lui semble indispensable dans son développement.
La formation « Signe avec Moi » a été initiée par un groupe de parents, mais ce sont les enfants qui nous convainquent vraiment, soit parce qu’ils n’ont pas encore acquis le langage verbal, soit parce qu’ils ne connaissent pas la langue française, soit parce que leur culture est différente, ou soit parce que cela permet un mode d’expression plus complet où le corps est mis à contribution tout comme la parole. Le geste accentue l’implication et souligne le sens. Souligner chaque intention témoigne d’une réelle volonté de relation et chacun se sent concerné. C’est très agréable car nous prenons du temps pour se parler.
Il parait important de souligner ici à quel point la proposition de signer à des structures petite enfance (crèches, garderies) vont ouvrir les professionnels à l’accueil des enfants handicapés.Les signes ne seront pas réservés à l’enfant en difficulté, stigmatisation de plus : on signe parce que cet enfant a un handicap, et on montre encore un peu plus ses difficultés. Non, on signe pour tous les enfants, et il va en profiter, comme les autres, peut-être plus que les autres, mais avec les autres. Et ça change tout !
Pour les parents de l’enfant en question, c’est vraiment important : la crèche ne fait pas une démarche qui entre encore et encore dans la rééducation, la focalisation sur ses difficultés. Non, la crèche fait une démarche pour tous, qui répondra plus particulièrement à ses besoins spécifiques. Mais sans le montrer du doigt !!
Je suis persuadée que les signes sont un outil supplémentaire pour un enfant, même ordinaire, et qu’ils participent à la construction de la personnalité de l’enfant, au même titre que le jeu par exemple. Bien sûr un enfant ordinaire peut s’en passer, mais qu’est-ce qu’un enfant ordinaire ? Tout enfant est susceptible de rencontrer un problème de communication à un moment donné de par son origine, sa personnalité, son milieu familial, un accident … et même sans parler de problème éventuel, les gestes participent au développement des sens, à la construction de l’enfant et à la mise en contact avec l’autre.
En crèche aussi, il est intéressant de voir que les signes utilisés dans le groupe des grands ( 2 ;3 ans) pour aider un enfant qui ne parle pas, alors que les autres parlent, oblige les éducatrices à mettre des mots sur le handicap. « Tu vois, Théo n’arrive pas bien à parler avec sa bouche, alors on l’aide en parlant avec nos mains »
La difficulté en crèche semble être de tenir sur le long cours !! Cet outil peut être fragile dans les crèches : le personnel bouge beaucoup, il faut de la ténacité, se donner les moyens, entretenir les signes, y croire encore. Echanger avec d’autres structures… de ne pas perdre l’enthousiasme des débuts, continuer à signer avec les nouveaux enfants, motiver les nouvelles éducatrices…
Actuellement, Antoine continue à aller quelques après-midi à la crèche. J’ai donc beaucoup moins de visibilité sur les activités qui se pratiquent avec les signes (si elles se pratiquent encore). Je peux juste dire qu’à mon niveau, les signes sont devenus imperceptibles.
Idéalement, il faudrait que les ateliers aient lieu tous les ans, qu’en quelques sortes, ils fassent partie des missions que se fixe la crèche.
D’où l’importance d’en faire un projet d’équipe, porté par l’équipe et la direction !
Cela fait deux ans que je signe à la crèche sur les deux sections que j’ai faite (les bébés et les moyens) nous signons avec mes collègues de travail que je trouve très motivées, car sans elles le LS ne serait pas possible.
Des séances d’auto-formation puis de formation ont vu le jour très rapidement à la crèche. Les parents et les professionnelles de la crèche et du quartier ont été invités à participer.. Parmi elles, tous les professionnels de la crèche. La dynamique était lancée et c’est sans doute ce qui a favorise la transmission de ce langage aux autres enfants et aux autres familles de la crèche
Retour aux articles de la rubrique « A la crèche »Je dois vous dire que c’est un travail qu’il faut être tenace car au quotidien cela demande de l’énergie et de la ténacité Malheureusement, il me semble que si l’enthousiasme est réel dans un premier temps, il retombe très vite. Au bout de quelques mois, très peu de parents continuaient à pratiquer et il en était de même pour les professionnels. J’ai d’autant plus de facilité à le dire, que moi la première, j’ai eu beaucoup de mal à m’y mettre et qu’il est très difficile de s’astreindre à pratiquer.