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- Reprendre le travail…Quelle résilience possible pour les crèches ?
Pour beaucoup de crèches, l’accueil des enfants recommence sur site cette semaine.
Si c’est une très bonne nouvelle pour les enfants et leurs familles, chacun des professionnels arrivera demain avec des perceptions différentes de la reprise au travail selon la situation professionnelle et personnelle qu’il aura vécue.
Pour certains, c’est une réelle reprise suite à une situation de chômage exceptionnelle. Pour d’autres, c’est la continuité d’un travail plus ou moins bien vécu à domicile selon la qualité des liens possibles avec les familles et l’institution.
Pour certains, ce retour sera l’occasion de montrer l’efficacité maintenue par leur présence sur site. D’autres auront peut-être un sentiment de déception de ne pas avoir été « au front » ou d’avoir failli face aux situations familiales isolées et souffrantes imposées par le confinement. Pourtant aucun n’avait le pouvoir d’agir sur la décision du gouvernement. Chacun a dû prendre la place qui lui était attribuée, chacun a contribué et chaque contribution a son importance.
Pour certains la reprise de l’activité sera perturbée par les risques et les normes sanitaires qui s’ajoutent à l’organisation quotidienne. A l’inquiétude d’une éventuelle contamination pour les enfants et de la mise en œuvre des « barrières » sanitaires, s‘ajoute la crainte d’un éventuel retour en arrière avec une conception très hygiéniste de l’accueil. Si les professionnels sont capables d’accepter ces contraintes, sa mise en œuvre limitera l’attention des professionnels auprès des jeunes enfants. Elle nécessitera une certaine distance entre l’adulte et l’enfant quand le jeune enfant a besoin de proximité pour interagir avec ses pairs, pour se sentir en sécurité auprès des adultes. Le port du masque sera imposé quand le langage du jeune enfant est encore pré verbal et nécessite de voir les visages des adultes qui les accompagnent.
Ces deux situations professionnelles et personnelles se sont retrouvées sur une même temporalité pendant ces 8 semaines de confinement, au prix d’une articulation entre la vie familiale et la vie professionnelle parfois tendue.
Comment ces vécus à la fois individuels et collectifs résonneront-ils demain au travail ? Quels impacts auront-ils sur les missions, sur les relations professionnelles ou sur les pratiques ? Comment accueillir demain les vécus à la fois multiples et entremêlés de ces 8 semaines ? Comment retrouver une stabilité et une sécurité au sein des relations professionnelles ? Comment redonner du sens aux missions et retrouver une efficacité au travail, quand l’urgence sanitaire risque de prévaloir sur le travail ?
La reprise de l’activité dépendra de la capacité de l’institution à accueillir les professionnels, à recréer du lien, à redonner du sens à la présence au travail, à accueillir les risques et les normes sanitaires et à les inscrire dans l’organisation du quotidien…La posture de l’institution sera alors déterminante demain. Le temps permis à dire merci, à reconnaître et valoriser les efforts, ou encore à accueillir les doutes et les inquiétudes de chacun, permettra de refaire équipe et d’accueillir à nouveau les enfants et leurs familles.
L’intervenant en analyse de la pratique, en tant qu’acteur de lien social, aura alors un rôle important pour accompagner ce temps de reconnaissance des vécus de chacun et permettre aux professionnels d’intégrer les contraintes et les incertitudes sanitaires supplémentaires, sans pour autant perdre le sens premier de leur mission envers les enfants et leurs familles.
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