Recréer du lien avec la nature : trucs et astuces

Issues d’expériences relatées lors de la Journée d’étude Enfance & handicap organisée par l’association Une Souris Verte (2022), voici des exemples, trucs et astuces pour recréer du lien entre l’enfant et la nature.

 

Il n’y a pas besoin de formule magique mais peut-être bien une recette : mettre dans une marmite un projet pédagogique réfléchi, une formation, une équipe investie, un espace extérieur riche pour expérimenter, de la végétation, des animaux à poil ou antenne, des cailloux et bouts de bois, beaucoup d’humain, une tasse de professionnalisme, une tasse de parent cru, une cuillère de café d’un élu engagé, et bien sur une cuillère de café de la PMI.

 

Comme souvent, il faut souligner que cette question comporte des aspects multifactoriels. Les bienfaits de la nature ne sont plus contestables à ce jour : https://www.enfant-different.org/a-la-creche/lenfant-et-la-nature-recreer-du-lien/

La réflexion permet de définir les « bonnes » conditions pour permettre aux enfants de vivre dehors, de jouer avec la nature, etc. Elle peut s’inscrire dans le projet éducatif et pédagogique.  Le projet permet d’expliquer la démarche aux parents, de collaborer avec les organismes de tutelle (institutions), d’aller à la recherche des subventions…

Enfants non marcheurs

Pour les enfants qui ne marchent pas, du fait de leur âge ou de leur handicap, les professionnels se questionnent sur les limites de laisser l’enfant sur un tapis ou à même le sol… Les équipes peuvent donc travailler sur les différents modes de portage.

Faire entrer la nature dedans

Lorsqu’on peut difficilement aller dehors, on peut faire venir la nature dans la structure :

• Ouvrir les fenêtres est une alternative à faire dormir les enfants dehors lorsque ce n’est pas possible matériellement.
• Faire venir une ferme itinérante ou installer un petit élevage (lapin, poules avec un incubateur pour faire naître des poussins, papillons issus d’un élevage local…)
• Installer un bac avec des feuillages, de la paille…
• Ajouter des plantes dans la structure avec la possibilité de toucher dans les espaces de passage
• Prévoir des aménagements hors-sols

Vêtements

Les enfants en France sont souvent habillés d’une manière non adaptée pour jouer. On peut travailler sur ce sujet : sensibiliser les familles sur le vêtement confortable, sur le vêtement adapté à l’extérieur et à la pluie, demander des vêtements de rechange…

La structure peut aussi acheter des vêtements protégeant de la pluie (bottes, combinaisons imperméables…) ou bien instaurer un système de récupération et d’échange des vêtements et bottes mis à disposition de tous. Penser au séchage, stockage et nettoyage des vêtements.

Penser aux vêtements des professionnels. Un projet peut prévoir d’investir dans des vêtements adaptés pour l’équipe. Prenez soin des pros !

Le jeu libre et simple

Les enfants et adolescents y trouvent leur compte dans le jeu simple ! En extérieur l’enfant n’a pas besoin d’objets, ni de jouets…
Le travail de l’animateur est d’ouvrir la porte d’une manière générale, il s’agit d’ouvrir la porte à la nature pour les enfants qui n’y ont pas accès. Les idées d’activités dehors ne manquent pas. Exemple : bander les yeux d’un enfant, toucher un arbre, faire tourner l’enfant, faire chercher l’enfant pour qu’il retrouve l’arbre en question. 

Employez le vocabulaire précis quand on le connaît, par exemple : « rouge-gorge » à la place « d’oiseau »

Pour des enfants ou jeunes adultes en situation de handicap nécessitant un accompagnement médical important : sortir, placer le visage au soleil, allonger la personne et changer leur seuil d’observation qui est la position assise le plus souvent pour la personne polyhandicapée

Offrir à l’enfant un cadre permet de prendre des risques de façon mesurée. Par exemple : Un enfant coupe du bois avec une scie. L’enfant a appris de manière graduelle à utiliser les outils : épluche légume, couteau, scie…  L’utilisation des outils permet à l’enfant de développer l’estime de soi, la coopération, la concentration…

Prendre appui sur le jeu libre, la liberté de mouvement, par exemple la possibilité de faire des activités debout

Les animaux

Incontestablement les animaux incitent à sortir, entrer en relation, etc. pour certains enfants.

Penser les relais pour le soin des animaux pendant les périodes de fermeture de la structure. Il est possible d’avoir des animaux « en pension » (« prêt » par les associations ou ferme pédagogique).

Pour éviter les problèmes relatifs aux allergies, il est possible de mettre des animaux en extérieur

Veiller aux soins de tous : l’enfant, le professionnel et l’animal ! Se référer aux préconisations des vétérinaires.

Prévoir l’éventualité d’avoir des apports formatifs sur la médiation animale.

Créer un rapport éthologique avec l’animal

Equipements

L’équipement est une question cruciale.

Penser aux sas pour changer les enfants

Les sols mous des aires de jeux sont nocifs à la santé. Privilégiez la terre, l’herbe, la terrasse en bois

Mettre en place un jardin potager

Regarder les normes, définitions et préconisations de l’arrêté du 31 août 2021 créant un référentiel national relatif aux exigences applicables aux établissements d’accueil du jeune enfant en matière de locaux, d’aménagement et d’affichage

S’inspirer des définitions des crèches plein air et semi-plein air 

Etudier la possibilité de faire dormir les enfants dehors, comme c’est le cas dans de nombreuses crèches en Europe.

Créer un espace détente et cocooning car des enfants peuvent avoir besoin de s’isoler, même en extérieur.

Sortir les enfants en dehors de la structure

Prendre le temps de choisir le lieu (square, parc)

Prévoir des petits équipements, comme une petite cordelette que les enfants tiennent par des poignées pendant les déplacements

Demander à la municipalité de travailler sur le taux d’encadrement lors des sorties

Travailler avec les parents

Certains professionnels ont des craintes quant à la réaction des parents : les parents-ont il peur d’un tel projet ? Souvent les parents adhèrent à des projets de lien avec la nature, lorsque les professionnels expliquent le projet et ce qu’apporte la nature.

 et apporter des informations et continuer à bâtir. Communiquez !

Il est parfois difficile d’expliquer que ce n’est pas à cause de l’extérieur que l’enfant est malade, comment faire, que dire aux familles ? Il faut informer que les produits présents en intérieur ont un impact sur la santé très important, c’est un argument. Montrer aux parents le plaisir des enfants, documenter, illustrer par des photos, des écrits dans l’entrée de la structure, illustrer les moments vécus dehors, c’est apaisant pour le parent.

Proposer la participation des familles aux sorties, aux activités, à la vie de la structure.

 

Autres points de réflexion…

Certains enfants vivent dans des milieux défavorisés (squats, bidonvilles…) et sont souvent dehors : la crèche ou l’école peut être le seul endroit en intérieur, structuré. Ce sont des questions multifactorielles.

Que faire en cas de canicule ?

Les moustiques tigre ? Certains secteurs ne sont pas accessibles, se renseigner sur les solutions techniques (bornes, nichoirs à hirondelles aux fenêtres, gestes préventifs…)

Et les enfants en situation de handicap ? observer leurs besoins. Une petite fille TSA s’endort en se balançant sur un jeu dehors. Une enfant ne peut pas garder ses chaussures, elle va aussi dehors en chaussettes en accord avec les parents. Un enfant assis dans un siège en intérieur, dehors il est installé dans le hamac à hauteur des autres enfants.

Laisser la porte ouverte ? parfois ouverte en permanence pour laisser possibles les aller-retours, parfois fermée pour permettre aux enfants de se concentrer sur un espace.

La pédagogie de plein air peut sembler plus facile à mettre en œuvre dans la petite enfance, elle est tout aussi importante dans les collèges et lycées.

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Avec Gillian CANTE, Moïna FAUCHIER DELAVIGNE et l’ensemble des intervenants à la Journée d’étude Enfance & handicap, organisée par l’association Une Souris Verte (Lyon, 2022)

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