- Accueil
- Modes de garde
- A la crèche
- L’accueil de l’enfant polyhandicapé en crèche
La crèche est aussi pour les familles une bulle d’oxygène, un lieu de vie et non de soins. L’observation, le lien avec les familles, le travail d’équipe, le respect du rythme propre à chaque enfant et l’attention particulière donné à l’enfant pour qu’il puisse être acteur dans les soins et ses apprentissages sont nos outils principaux dans l’accompagnement du jeune enfant
Intervention de Sophie Kattandjan au colloque
La micro-crèche où je travaille fait partie de l’association Une souris verte. Nous accueillons les enfants de 2 mois ½ à 6 ans en inter âges avec comme projet principal l’accueil de tous les enfants en milieu ordinaire.
La crèche, une bulle d’oxygène
La mission première d’une crèche est de contribuer au bien-être de l’enfant et au développement de toutes ses potentialités. Nous l’accompagnons pour qu’il grandisse à son rythme dans un lieu sécurisé lui permettant de développer sa personnalité, sa créativité et sa curiosité et tout cela à son propre rythme.
Il me semble important d’accueillir l’enfant tel qu’il est, sans nier son handicap mais sans pour autant réduire sa personne à cette seule identité. Ce sont avant tout des jeunes enfants donc il faut être vigilant à respecter au maximum leur rythme de vie, leurs besoins d’enfant. Pour permettre un accueil de qualité pour tous les enfants nous devons mettre en place un fonctionnement souple et individualisé, penser au maximum l’individuel au sein même d’un collectif.
Afin de proposer un cadre sécurisant, il faut s’appuyer sur le savoir-faire et le mode de vie des parents pour connaître l’enfant, ses besoins particuliers et ses difficultés. Nous sommes là pour les accompagner ; il s’agit de coéducation
Dans un lieu comme le nôtre il faut être attentif à ne pas tomber dans la sur-stimulation.
Nous ne sommes pas un centre de rééducation mais un lieu d’accueil en milieu ordinaire. Pour qu’un tout petit puisse être disponible il a besoin de recharger ses batteries. Ce sont avant tout de jeunes enfants donc il faut être vigilant à respecter au maximum leur rythme de vie (sommeil, repas..).
Le jeu, les activités libres
Comme le souligne Pauline Kergomard : « Le jeu, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie »
Je ne peux pas parler développement et acquisitions chez le jeune enfant sans parler du jeu. Notre rôle est celui de respecter leur besoin de jeu.
Jean Epstein explique que :
L’enfant existe par le jeu. Il ne joue pas pour apprendre mais apprend parce qu’il joue. D’une part, à travers le plaisir qu’il éprouve à essayer ; d’autre part, à travers son environnement. Il nous revient donc, à nous adultes, d’aménager un espace suffisamment riche, varié et souple autour de lui, pour qu’il puisse y pratiquer à son rythme ses propres jeux.
Il est donc très important de laisser à l’enfant polyhandicapé du temps pour jouer avec pour seul objectif le plaisir.
C’est souvent le hasard des jeux qui aide l’enfant à prendre conscience de ses capacités.
Nous devons laisser à l’enfant une grande liberté d’action pour qu’il puisse se saisir du jeu comme il veut et ainsi développer ses compétences.
Les activités proposées par l’équipe sont toujours libres c’est-à-dire que l’enfant est libre d’y participer ou non, d’être acteur ou observateur. Le simple fait de regarder faire les autres enfants peut l’aider à développer son imaginaire. Ce n’est pas parce qu’un enfant n’a pas les capacités physiques pour participer à une activité de la même manière que les autres enfants qu’il ne peut pas y participer autrement, à sa manière et donc y prendre du plaisir.
Le plaisir, la découverte et l’expérience qu’il va retirer de ses jeux priment sur le résultat obtenu. L’activité doit pouvoir s’arrêter s’il le souhaite, même si elle n’est pas achevée.
Nous choisissons de ne pas être dans une frénésie d’activités pour éviter la sur-stimulation
Afin d’accompagner l’enfant dans son jeu, le professionnel doit se demander comment donner à l’enfant l’environnement le plus adapté à ses recherches ludiques. L’aménagement de l’espace, le choix des jeux et jouets, du matériel, doit permettre à l’enfant un libre choix en fonction de sa motricité, de son développement et de ses centres d’intérêts.
Installer l’enfant
Il est nécessaire de proposer à l’enfant différentes installations qui lui permettront d’être un maximum acteur dans ses découvertes, ses jeux. L’adulte doit penser à l’aménagement de l’espace, ranger régulièrement cet espace, qui doit « inviter » l’enfant à avoir envie d’expérimenter. L ‘adulte doit « réalimenter » régulièrement ces temps de jeux, d’activité d’éveil, afin que l’enfant « conduise » lui-même dans ces temps de jeux. Ces aménagements doivent être « contenants », et donc rassurant et sécurisants.
L’installation de l’enfant permet à l’enfant d’explorer en toute sécurité le monde qui l’entoure, de prendre des risques à la mesure de ses compétences et de tester les possibilités de son corps, sous le regard bienveillant de l’adulte, qui le laisse faire ses propres expériences.
La même activité peut être proposée à l’enfant dans plusieurs positions (verticalisation, soutenu dans les bras de l’adulte, dans son siège coque, sur le sol) Cela permet de varier les propositions qui lui sont faites et de lui offrir de nouveaux champs de découvertes.
Lors d’une activité il est important de laisser le temps à l’enfant de comprendre, d’expérimenter et d’agir en fonction de ses désirs et ses capacités.
L’observation
Afin de proposer une activité adaptée à l’enfant, l’observation partagée est très importante. C ‘est un outil qui permet au professionnel(le) d’ajuster les propositions aux enfants
Prendre le temps d’observer et de tenir compte des émotions de l’enfant en adoptant une attitude rassurante et compréhensive permet à l’enfant d’être totalement disponible pour ses propres découvertes.
Par exemple, lors d’une activité, on peut être attentif à ce que l’enfant ressent : prend-il plaisir à sentir la peinture sur son corps ? Aime-t-il la sensation du sable qui coule entre ses mains ?
Accompagner l’enfant vers l’autonomie
Encourager valoriser
Il semble important que le professionnel accompagne et encourage l’enfant lors de ses explorations et découvertes. L’adulte adapte ses propositions lors de l’activité en fonction de ce que l’enfant exprime : plaisir, angoisse, pleurs…
Devenir acteur
En crèche nous accompagnons tous les enfants dans l’acquisition de leur autonomie. Pour cela il est important de rendre l’enfant acteur dans toutes les propositions qui lui sont faites.
La prise en charge de l’enfant pendant les soins ou les activités doit être respectueuse et attentive. Les sensations agréables ressenties par l’enfant participent à lui donner une image positive de lui-même et à construire son estime de soi. La période de la petite enfance nécessite une attention très fine car l’enfant ne peut pas verbaliser son besoin de confort. Par des gestes enveloppants et des paroles rassurantes, le professionnel aide l’enfant à prendre conscience de son corps. En le « portant » avec bienveillance, et en l’accompagnant par des mots l’équipe accompagne l’enfant dans toutes les étapes de son développement et dans son désir d’être autonome. Petit à petit, aidé de l’adulte, l’enfant apprend à reconnaître ses besoins tant au niveau de la quantité, que de la diversification et du rythme.
La communication.
Elle doit inviter à l’échange et favoriser la relation individuelle.
La manière de s’adresser directement au tout petit, les intonations de voix, les gestes qui accompagnent la parole doivent être soignés et adaptés, avoir du sens pour l’enfant. De plus, si on attend une réponse, il est nécessaire d’être patient. Toute personne trop pressée risque d’être déjà occupée ailleurs au moment où le jeune enfant ébauchera un signe qui pourrait montrer une compréhension et permettre de continuer l’échange. L’adulte doit être disponible pour accueillir la parole de l’enfant ou quelconque expression. Être à son écoute, savoir « décoder » sans interpréter. Laisser du temps à l’enfant. Être récepteur du moindre détail d’expression
Nous utilisons quelques outils de communication, notamment les pictogrammes et le langage signé.
La socialisation
Une autre des missions de la crèche est la découverte des prémices de la socialisation. Pour se construire l’enfant a besoin de rencontrer ses pairs et de tisser des relations avec ces derniers.
Il est donc important de réunir toutes les conditions pour que les jeunes enfants puissent se rencontrer et apprendre à vire ensemble. Une bonne installation de l’enfant polyhandicapé est primordiale pour qu’il puisse rencontrer les autres enfants dans une dynamique inclusive.
En conclusion il me semble essentiel de ne pas oublier que le jeune enfant polyhandicapé reste avant tout un enfant avec les mêmes besoins que tous les jeunes enfants. Afin de pouvoir progresser dans son développement il a donc besoin de sécurité affective, d’environnement contenant et sécurisant, de temps libre pour pouvoir jouer et développer son imagination, mais également d’un lieu d’échanges et de partages lui permettant de découvrir les prémices de la sociabilisation en rencontrant d’autres enfants.
S’adapter au plus juste des besoins des enfants, nécessite de la part des professionnels, des questionnements, tâtonnement, réajustements permanents des pratiques. Afin de proposer des activités adaptées aux besoins des jeunes, nous devons travailler très étroitement avec les familles qui sont une aide précieuse. Il est important de se faire mutuellement confiance et de mettre en réseau l’enfant, les les parents et les différents professionnels
Retour aux articles de la rubrique « A la crèche »