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- Stop au tabou ! Questions fréquentes et idées reçues sur le pipi / caca
Les troubles vésico-sphinctériens et digestifs concernent de nombreux enfants ( et adultes). Ils peuvent générer stress, inconfort, douleur, isolement … Cependant des solutions existent pour accompagner les enfants et leur proposer une prise en charge adaptée
Cet article est issu d’un temps de rencontre entre des parents, des professionnels et Anne-Lise Vagner, kinésithérapeute spécialisée en rééducation pelvi-périnéale pédiatrique. Cet article présente les réponses aux questions fréquentes posées par les parents et les professionnels lors de ces temps d’échanges.
Il existe une énorme pression sociale, des tabous et de nombreuses idées reçues quand on évoque « la propreté ». Pourtant :
Les termes : reflet des idées reçues et manque de connaissance
Dans le langage courant, nous utilisons le terme « propreté », mais le terme approprié est « continence » (ou incontinence).
De plus, il ne s’agit pas « d’acquisition », ni « d’apprentissage » mais de « maturation » relative au développement neurologique de l’enfant. La continence représente l’aptitude acquise durant l’enfance de contrôler ses sphincters, et de pouvoir « déchiffrer » les messages de la vessie et du rectum (ressenti du besoin, coordination…).
Nous demandons souvent à l’enfant s’il a « envie de faire pipi ou caca », en réalité nous devrions utiliser le terme « besoin » plutôt que d’envie.
Un enfant demande fréquemment à aller aux toilettes, le fait-il exprès ?
Un enfant peut aller aux toilettes fréquemment. Interdire à un enfant d’aller aux toilettes relève de la maltraitance. Il est important de lui expliquer l’importance d’écouter sa vessie lorsqu’il ressent le besoin d’uriner, et d’éviter de se retenir.
Physiologiquement, nous devrions faire pipi environ toutes les deux/trois heures (6 mictions par jour), quelques soit l’âge. Cependant, il est possible que les enfants, notamment jusqu’à 5-6 ans, aient une vessie qui n’est pas encore tout à fait « mature » et qui nécessite d’aller plus fréquemment uriner, sans que cela soit pathologique.
A quel âge faut-il être continent ?
Les parents se questionnent pour savoir à quel moment un enfant est prêt, quand il faut commencer à lui apprendre la continence, et par quoi commencer…
Le mécanisme de la continence est complexe, il faut savoir par exemple que pour la marche, on utilise deux nerfs, tandis que pour la maîtrise des sphincters et de la continence, 14 nerfs sont sollicités !
Il n’y a donc pas d’âge auquel « il faut » que l’enfant soit continent. Le processus n’est pas identique pour tous. Chaque enfant est différent et aura sa propre maturité neurologique et donc son propre rythme.
La physiologie de la vessie peut entrainer des « fuites », qui se résorbent avec la croissance et la maturation de la vessie. Les sensations sont nouvelles et doivent donc être intégrées sur le plan neurologique.
Cette acquisition commence vers 2-3 ans. Jusqu’à 5-6 ans, la continence peut être plus ou moins rapide à se mettre en place et il est normal qu’il puisse persister parfois des petits « loupés » (fuites urinaires diurnes ou nocturnes). Après cet âge, il est conseillé de consulter un médecin.
A quel moment apprendre à l’enfant la continence (la « propreté ») ?
Respecter le rythme de l’enfant permet d’éviter des blocages psychologiques parfois associés. Il faut toujours proposer à l’enfant et ne jamais le forcer. Les « robinets » pipi/caca sont des muscles, qui doivent être détendus. Un enfant « forcé » sera en situation de stress et donc non détendu sur le plan musculaire. Il s’agit d’un processus qui se fait petit à petit. Parfois l’enfant semble être mûr mais peut aussi faire une pause.
Si nous imposons cet apprentissage à un enfant qui n’est pas prêt, il y a peu de chance que cela fonctionne ou alors ce ne sera pas de façon satisfaisante. Il est donc important de respecter le rythme de l’enfant, y compris pour les enfants avec un retard de développement.
Des études prouvent que l’enfant contraint peut devenir propre mais développe d’autres troubles qui apparaîtront plus tard.
Quelles sont les causes d’un retard de continence?
Les origines d’un retard ou de la non-acquisition de la continence sont multiples. Ces troubles sont très répandus et très mal acceptés sur le plan social.
Certaines familles se demandent s’il existe un facteur héréditaire : il existe la possibilité d’un facteur génétique (notamment pour l’énurésie = fuites urinaires nocturnes) mais pas seulement. D’autres facteurs entrent en compte comme le sommeil, les déséquilibres hormonaux, l’anatomie de la vessie… Il est possible d’agir même si les difficultés sont d’origine génétique.
Mon enfant a peur d’aller aux toilettes, peur de faire caca, comment faire ?
Certains enfants retiennent leur pipi et/ou leur caca, d’autres refuseront de manger pour éviter de faire caca. Cela peut être généré par une inquiétude : « vais-je réussir à me retenir ? » Pour l’enfant le caca fait partie de lui-même et il peut donc ressentir de la peur, de l’angoisse à voir disparaitre une partie de lui-même dans les toilettes. Il est nécessaire d’expliquer ce que sont les urines et les selles et de s’appuyer sur des supports ludiques.
On parle de constipation lorsque les selles sont trop peu fréquentes, dures, douloureuses (douleurs abdominale et/ou à la défécation), incomplètes.
Il arrive donc que des enfants associent douleur et peur : le fait d’aller aux toilettes va être douloureux donc ils préfèrent se retenir, ce qui majore la constipation.
Les enfants en situation de handicap peuvent avoir des difficultés à exprimer leur douleur. Par ailleurs, certaines pathologies rendent les enfants insensibles à la douleur. Il est donc important de leur proposer des supports (images, pictogrammes, …) pour qu’ils puissent formuler leurs besoins et exprimer leurs ressentis.
Il faut également vérifier auprès d’un professionnel que le transit de l’enfant fonctionne normalement et qu’aucun dysfonctionnement physiologique ne vient entraver le bon déroulement de l’élimination des urines et/ou des selles. En principe, le transit normal correspond à une selle par jour, « facilement » et sans douleur.
Enfin, et toujours dans une logique de « détente », il parait intéressant de valoriser l’essai d’aller sur le pot/aux toilettes et non le résultat afin que l’enfant ne ressente pas de pression/obligation à faire.
Quels sont les contacts et les ressources pour un diagnostic, un traitement, de la rééducation ? Vers qui se tourner ?
Les premiers interlocuteurs sont le médecin traitant ainsi que le médecin/infirmière scolaire. Il ne faut pas hésiter à consulter en cas de questionnement ou difficulté. Une constipation peut engendrer des douleurs ou devenir chronique.
Le médecin peut prescrire un traitement médicamenteux s’il le juge nécessaire.
En cas de persistance de l’incontinence urinaire (jour ou nuit) après l’âge de 6 ans, le médecin généraliste peut éventuellement ré adresser vers un urologue pédiatre. Ce dernier pourra vérifier l’absence d’un problème organique grâce à des examens complémentaires simples mais surtout envisager des solutions adaptées à l’enfant:
- Habitudes de vie correctes, calendrier mictionnel
- traitement médical (médicaments, alarme) et/ou para-médical (rééducation par un kinésithérapeute).
Il existe aussi des kinésithérapeutes sur prescription médicale. Le kiné explique le fonctionnement des sphincters, aide l’enfant ou l’adolescent à prendre conscience de la physiologie et de ses muscles.
En rééducation on peut expliquer à l’enfant comment bien relâcher son périnée pour faire pipi et caca correctement.
Il est possible de rééduquer l’envie de boire (lorsqu’un enfant ou l’adulte a perdu ou n’a pas pris l’habitude de la soif).
Y a-t-il un lien entre constipation, continence et hydratation ?
Il est essentiel de boire régulièrement et correctement (1,5L/jour pour les adultes et adolescents, au minimum 1L pour les enfants) Il est recommandé de boire l’équivalent de 2 verres à chaque repas : matin, midi, gouter et soir et de penser à s’hydrater régulièrement dans la journée.
L’hydratation ce n’est pas seulement l’eau ; cela peut être un verre de lait, un bol de soupe, un jus de fruits pressés… attention cependant à ne pas boire uniquement du « sucré ». Certains fruits ou légumes sont également riches en eau, comme la pastèque, le concombre, …
Il y a différentes façons de boire : au verre, avec une paille, un gant mouillé, une gourde personnelle, avec une pipette, un gobelet avec bec verseur, … L’adulte peut aussi boire en même temps que l’enfant.
Il est conseillé de fractionner les prises de liquides et de répartir les boissons régulièrement durant la journée pour avoir moins soif le soir et éviter les pipis nocturnes. Cependant si un enfant a soif, il faut lui permettre de boire quelle que soit l’heure.
Il faut apprendre à écouter sa soif, la soif est le début de la déshydratation.
Il y a un lien clair entre constipation, continence et hydratation : la constipation est un gros pourvoyeur de fuites urinaires (jour et nuit) et de fuites fécales. Et la constipation est souvent dû à un défaut d’hydratation. Contre la constipation il faut augmenter l’hydratation et privilégier une alimentation riche en fibres, celles-ci retiennent l’eau dans le caca. S’il n’y a pas assez d’eau dans le caca, il circule mal dans l’intestin ce qui provoque inconfort et douleur.
En tant qu’adulte nous devons être vigilants : le point d’eau est-il facilement accessible aux enfants ? Et vérifier qu’ils puissent boire facilement et en autonomie si cela est possible
Et la nuit ?
Inutile d’enlever la couche trop tôt pour que l’enfant soit « propre » la nuit
Ne jamais interdire à un enfant de boire le soir. Il faut lui apprendre à répartir la boisson dans la journée. Lui- donner une gourde permet de quantifier la quantité bue. Il faut également s’assurer que les habitudes mictionnelles soient correctes la journée : accès et installation aux toilettes (propreté à l’école), mictions régulières.
Certains parents donnent l’astuce du double lit (mettre sur le matelas un drap housse, une alèse, un second drap housse, une seconde alèse) pour faciliter le change des draps en pleine nuit.
Comment expliquer la continence à l’enfant ?
Il est possible d’aider l’enfant en lui expliquant le circuit des aliments, en verbalisant ce qui se passe à l’intérieur du corps, en utilisant des supports comme des livres, des objets, des petites vidéos, des images, …
Stop au tabou : les adultes aussi font caca et pipi ! Il est conseillé d’évoquer ce sujet sans honte, de dédramatiser le passage aux toilettes, de réduire les inquiétudes en offrant aux enfants la liberté d’en parler Cela peut aussi permettre aux enfants d’imiter ses parents, ses frères et sœurs, …
Expliquer à l’enfant l’importance d’aller aux toilettes. La vessie n’est pas extensible, il faut donc la vider régulièrement et éviter de se retenir. Prendre l’habitude de se retenir c’est prendre des mauvaises habitudes et le corps enregistre les mauvaises habitudes !
C’est physiologique, naturel et vital d’aller aux toilettes.
Ecouter son corps, c’est important de pouvoir aller aux toilettes sans différer et dès qu’on en ressent le besoin ! même pendant le repas, même en classe…
L’importance de l’installation sur le pot ou sur les toilettes
Faire pipi est uniquement un processus de relâchement du muscle « robinet ». Il n’est pas normal qu’un enfant force pour faire pipi. Ce relâchement suppose donc une bonne installation ( soit sur le pot, soit sur les toilettes). Ceci est valable pour les enfants et les adultes. Pensez à laisser l’installation en place pour les enfants (et quand les adultes vont aux toilettes, ils enlèvent et remettent ensuite l’installation)
- Aller sereinement sur le pot
- Etre bien installé, genoux à bonne hauteur
- Bien baisser le pantalon et la culotte
- Ne pas forcer ou imposer le passage aux toilettes, l’enfant sera tendu et va verrouiller les sorties…
- avoir les pieds posés à plat (grâce un marche-pied, tabouret…),
- avoir une taille de toilette adaptée (réducteur).
Importance que les toilettes soient propres, individuels, confortables. Il n’y a pas de frein à mettre pour empêcher l’enfant de faire caca sur le pot.
Pour l’apprentissage, on peut lire une petite histoire ou comptine, quelque chose de calme mais pas un outil qui le déconcentre et l’empêche de prêter attention à ses ressentis.
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