Durant cette année scolaire, mes parents ont effectué différentes recherches en vue de mon orientation scolaire et professionnelle, conscients de mes difficultés et de mon manque de motivation. Ils ont éliminé de leur champ de recherches, les filières manuelles. J’ai retenu leur proposition de faire un BEP en comptabilité, en deux ans, car je ne me défends pas trop mal en mathématiques. Lors de la première année, malgré une classe très chargée, je me sentais plus à ma place et moins en échecs, je commençais enfin à respirer. Les enseignants sont plus attentifs et même si je découvre un nouvel univers, je sais enfin où je vais, avec un métier à la clef. Je maîtrise bien les matières suivantes : les mathématiques, la comptabilité, l’informatique. Mes points faibles restent : le français, l’anglais et la dactylographie.
Cette année-là, mes parents me proposent d’aller faire un bilan d’orthophonie. J’y vais pour leur faire plaisir mais sans grande conviction. Mais surprise ! Je rencontre une orthophoniste attentive qui prend le temps de faire un bilan complet et de m’expliquer mes résultats. Elle m’expose mes difficultés, mais aussi mes points forts. Elle a su alors dédramatiser la situation et surtout me rassurer.
Elle a eu une phrase qui m’a marqué : « tu es intelligent et tu vas réussir ». Enfin une projection positive qui m’a permis de bien progresser. Elle m’a aussi enfin donné le diagnostic : je suis dysphasique : « trouble sévère du langage affectant la représentation mentale, orale et graphique » Ce fut pour moi, le déclic, je sais enfin quel est mon mal.
Après l’obtention de mon BEP, j’ai poursuivi mes études vers un Bac Professionnel en comptabilité. Que j’ai réussi, moins brillamment que mon BEP, avec une moyenne de 12 sur 20 en note finale.
Après mon service national, la rentrée dans la vie active a été particulièrement difficile par plusieurs raisons mais par un déni de mes difficultés lié à mes troubles dys. Car dans mon raisonnement, les troubles dys étaient synonyme de difficulté scolaire. Je suis sorti du système scolaire donc mes troubles dys avaient disparu. Erreur majeure que j’ai comprise bien plus tard.
A un moment donné fasse à mes difficultés et sous les conseils de mon médecin, je réalise un bilan complet auprès du Centre de Références des troubles des apprentissages à l’hôpital Edouard HERIOT de LYON. Ce bilan confirme effectivement l’existence de difficultés persistantes. Je décide de reprendre un suivi orthophonique mon seul objectif étant de progresser, sans me mettre de pression d’aucune sorte. Lors des deux années, j’ai effectivement progressé sur le plan de l’oral et de l’écrire. En 2003, je me décide de demander une reconnaissance de travailleur handicapé à cause de ma dyslexie et dysphasie. Malgré tous les préjugés négatifs que j’avais sur le monde du handicap. Mais c’est un pari réussi car j’ai pu enchainer des contrats plus facilement jusqu’à rentrer dans la fonction publique d’état.