Aire de Jeu
11.01.2017 Témoignages Temps de lecture : 3 min

Le poème d’un papa à sa fille

Papa, j’ai envie de faire de la balançoire.
Bonne idée mais après avoir fait tes devoirs!

OK j’ai fini mes maths, c’était pas dur!
Parfait,  mets ton manteau et tes chaussures.
Tu préfères en voiture ou à pied?

Comme tu veux papa, je ne suis pas fatiguée!
Il y a un parc pas très loin d’ici.
Mets ton gouter dans ton sac, c’est parti!

Est-ce que je peux faire du toboggan?
Oui, je vais m’assoir sur un banc.

Papa, est-ce que tu peux m’apporter mon gouter?
Non je suis au téléphone, viens donc le chercher.
Papa je vais faire du tourniquet!
Oui va jouer, arrête de m’embêter!

Est-ce que tu peux venir me pousser?
Non, j’aimerais finir mon livre s’il te plait.

Mais pourquoi me tires-tu par le bras?
Parle moi,  je ne comprends pas…

Perdu ,les yeux dans le vague, je réalise
Que je suis dans un monde que j’idéalise.
Ce papa heureux et insouciant, ce n’est pas moi.
Cette fillette en bonne santé, je ne la connais pas.

Tu me tires par le bras pour communiquer.
Tu me fixes du regard pour me parler.

Non bien sur, tu n’as pas de devoirs à faire.
Toi les stylos et les livres, tu les jettes par terre.

Non, tu n’es pas indépendante pour t’habiller
A cinq ans, tu ne sais pas encore faire tes lacets.

Non, tu ne manges pas ton goûter!
Hélas ton appétit est trés limité.

Non, ce n’est pas pour toi les ballades à pied!
Tu as encore besoin d’une poussette pour te déplacer!

Oh mais quelle feignante, les gens vont penser!
Ils peuvent s’excuser mais le mal est déjà fait.
Ils n’imaginent pas la vie qu’on mène.
Ils ne peuvent pas comprendre notre peine.

Non, tu n’as pas volé la place de parking à un handicapé!
Cette carte de stationnement, tu ne l’as pas désirée.

Oui, ton handicap est invisible.
Mais la bêtise des gens est inadmissible.
Non tu n’as pas besoin de leur pitié!
Tu veux juste que tes droits soient respectés!

J’aurais bien aimé être ce père insouciant.
J’aurai préféré une autre vie pour mon enfant.

Cette fillette qui parle, chante et s’exprime.
Alors que la mienne a un vocabulaire infime.

Pendant que son enfant joue, ce papa peut souffler.
Moi je ne la quitte pas des yeux par peur du danger.
Cette fillette court et saute sans tracas.
Alors que mon enfant trébuche épuisée après quelques pas.

 

Plus tu grandis mon enfant,
Plus l’écart se creuse.
Les retards s’accumulent avec le temps.

Pour lire d’autres textes et poème de parents : 

http://www.alliancesyndromededravet.fr/

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