La pairémulation
13.01.2017 Réflexion sur Temps de lecture : 4 min

Accompagner ses pairs vers davantage d’autodétermination et de capacité d’agir : la pairémulation

De tout temps, l’entraide entre pairs a été spontanément mise en œuvre pour assurer la survie de collectifs, pour faire face aux mêmes situations difficiles, etc.

En effet, ceux soumis aux mêmes conditions d’existence ou vivant les mêmes évènements, les pairs (au sens de faisant l’expérience des mêmes situations) ont tendance à être solidaires face à l’épreuve commune, à l’instar des liens unissant une fratrie, des relations de bon voisinage ou encore des rapports entre professionnels de même statut, etc., face à l’adversité.

Cette solidarité spontanée n’est pourtant pas sans faille, et c’est la raison pour laquelle la société s’est organisée pour pallier à ces manquements. Différentes institutions ont émergé de cette prise en charge de la solidarité, par exemple : les secteurs du travail social et de la santé, la sécurité sociale, etc. Paradoxalement, toutes les situations de nécessité n’ont pour autant pas disparu.

Parallèlement à cette dynamique sociétale de prise en charge des manques de la solidarité primaire, des individualités ont continué à vouloir se sortir de situations difficiles par elles-mêmes, à prendre leur vie en main, à décider pour elles-mêmes et à assumer la responsabilité de leurs choix. Cette philosophie du « self-help » implique une posture morale particulière : faire face, déployer ses capacités, tenter sans relâche de trouver des solutions, avancer et ne pas perdre espoir… Elle pourrait se résumer dans cet adage biblique : « aides-toi et le ciel t’aidera ».

S’aider ne consiste pas en devenir égoïste et se retirer de ses engagements dans le monde.  Bien au contraire, la philosophie du self-help implique bien souvent de se regrouper entre pairs ayant pour horizon les mêmes finalités, afin de se soutenir et s’entraider.

Ceux qui ont déjà traversé l’épreuve, sont réputés pouvoir aider ceux qui s’y engagent. Ils peuvent partager leur expérience, leurs trucs et astuces, leurs analyses et permettre à leur récent pair de se forger ses propres repères et de décider de sa vie.

Elle demande au pairémulateur d’avoir élaboré son expérience et pris du recul, de ne pas se prendre pour un modèle mais de s’adapter à la demande concrète, d’être à l’écoute et pédagogue, etc. Si le pair-accompagnant n’est pas toujours salarié, il n’en reste pas moins qu’il a acquis un certains nombres de savoirs issus des situations qu’il a vécu, et parfois même une expertise de sa pratique de l’accompagnement de ses pairs.

En France, cette pratique a commencé à diffuser au début des années 1990 pour les personnes ayant des incapacités physiques et sensorielles, via des connections de militants avec le mouvement social pour la Vie Autonome. Depuis les années 2010, la pair-aidance a également été introduite en France dans le champ de la santé mentale. Là encore, il s’agit de postures d’accompagnement par les pairs, issues d’un mouvement social porté par des personnes directement concernées et leurs alliés : le Rétablissement.

Cette fonction d’accompagnement assumée par les pairs tient sa principale légitimité dans les savoirs expérientiels, autrement-dit les savoirs issus de l’expérience des situations de handicap ou des troubles de la santé mentale, etc. Aujourd’hui ces pratiques commencent à intéresser plus largement.

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