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- La place du professionnel de structure petite enfance dans le processus d’annonce
A toute époque et en tous lieux, l’annonce du handicap d’un enfant a fait l’objet de réflexions, d’élaborations de protocoles pour faire face à cette situation douloureuse. Certaines sociétés rejettent l’enfant, la notre tente d’accueillir la différence.
Comment alors énoncer aux parents, de la moins mauvaise manière, ce message potentiellement traumatique ?
Les professionnels travaillant auprès de familles avec un enfant en situation de handicap sont témoins que les parents relatent fréquemment la violence à laquelle ils ont été confrontés au moment de l’annonce du handicap de leur enfant. Or, le professionnel de la petite enfance est impliqué dans ce processus. Par sa formation et son expérience, il va avoir un regard différent de celui des parents. Il peut ainsi être le premier témoin de difficultés rencontrées par l’enfant. Les parents n’ont parfois pas vu, ou se sont refusés à voir un comportement atypique, un retard de développement.
Quand les difficultés apparaissent le professionnel de la petite enfance peut ressentir un certain malaise. En effet, il doit compter sur son sens de l’observation, son ressenti et peut craindre un manque d’objectivité dans l’évaluation d’une situation. Cette incertitude quant à la gravité du problème rencontré par l’enfant rend la situation inconfortable et nécessite une approche prudente.
D’autre part, le repérage de difficultés de développement plonge le professionnel de la petite enfance dans un paradoxe puisque son rôle premier est d’accompagner l’enfant et sa famille en les valorisant, en soulignant leurs compétences. Or, dans ce cas, il se doit de dire « ce qui ne va pas ». Comment dire les difficultés repérées tout en poursuivant ce travail de valorisation ?
Là encore, les échanges entre professionnels permettent d’étudier au cas par cas la manière de faire part des inquiétudes à la famille. Il convient de se questionner sur la raison qui pousse à faire état des difficultés de l’enfant à la famille. Cette mise en sens permet d’atténuer le malaise ressenti. Le professionnel sait, en effet, qu’une prise en charge précoce est souvent bénéfique à l’enfant. De plus, sur le plan éthique, pour pouvoir instaurer un partenariat de qualité avec les parents, il est indispensable que ces derniers soient informés afin de proposer une cohérence entre les attentes familiales vis-à-vis de l’enfant et celles de la structure d’accueil.
Enfin, pour faire part de ses observations, le professionnel essaiera de se mettre à la place du parent qui va recevoir l’information. Cela permettra l’empathie envers les diverses réactions des parents (notamment les réactions de défense). Ce positionnement permet de penser, qu’à l’inverse du professionnel, le parent n’a souvent pas une vision claire de ce que signifie une stéréotypie, une difficulté dans la relation à l’autre, etc. Il faudra choisir un vocabulaire adapté, basé sur la seule description de ses observations, sans émettre de diagnostic, celui-ci relevant du champ médical.
Pour conclure: prudence, élaboration commune autour de la situation rencontrée, partenariat renforcé avec la famille et empathie sont sollicités lorsqu’un professionnel a des inquiétudes sur le développement d’un enfant. Si ces conditions sont réunies, les difficultés transmises par le professionnel s’inscrivent dans une démarche qui reste bienveillante à l’égard de l’enfant et de sa famille, même si elle n’annihile pas la souffrance qui peut en découler. La manière de faire face aux réactions des parents face à la transmission des difficultés sera également à élaborer en équipe.
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