« Il ne faut pas étiqueter son enfant. Ca ne sert à rien de vouloir le mettre dans une case »
Trouver une maladie ou un handicap n’est pas étiqueter son enfant. Lorsque vous allez chez le médecin parce que vous êtes malade, vous êtes bien contents qu’il trouve ce que vous avez pour vous donner le traitement adapté. Et bien c’est exactement la même chose. Les diagnostics peuvent permettre l’accès à une meilleure prise en charge. Je pense notamment à l’autisme, qui s’il est diagnostiqué tôt, permet d’agir avec des méthodes précoces comme la méthode Denver qui donne de bons résultats. Or, les diagnostics d’autisme sont parfois longs à arriver. En terme de rééducation, on n’utilisera pas les mêmes méthodes pour un enfant déficient intellectuel et un enfant autiste, même si certaines peuvent correspondre à différents handicaps.
Avoir un nom de maladie permet aussi d’échanger avec d’autres parents et d’avoir une vision sur l’évolution et une meilleure connaissance de ce qui marche ou ne marche pas en terme de méthodes éducatives, de rééducation, etc.
Bien sur nous n’avons pas attendu d’avoir un nom de handicap pour commencer la rééducation, et heureusement sinon nous attendrions toujours. Les spécialistes proposent évidemment des exercices qui s’adaptent à l’enfant. Et avec un même handicap, chaque personne reste unique avec ses spécificités.
L’autre inconvénient à ne pas avoir de diagnostic précis, est l’impression de devoir toujours se justifier. Si on répond que notre enfant a une trisomie 21, c’est plutôt simple, les gens comprennent et s’arrêtent là. (et encore, il y aurait ici des choses à dire car une personne atteinte du syndrome de dawn, trisomie 21 n’est pas l’autre, mais ce n’est pas le sujet…) Si on répond que notre enfant a un handicap non défini, on nous demande quels sont les symptômes, et là nous listons tous les symptômes pour que les gens comprennent de quoi on parle. Bien sur, nous devons réaliser la même prouesse dès que nous remplissons un dossier auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées. J’ai d’ailleurs subi un véritable interrogatoire de police par téléphone avec une assistante sociale de la MDPH qui essayait de comprendre ce qu’avait ma fille exactement, et ce malgré toutes les synthèses des spécialistes que j’avais joint au dossier. C’est d’ailleurs le diagnostic qui définie le taux d’incapacité.
« S’ils n’ont rien trouvé, c’est bon signe »
Ah bon ? Cela fait 7 ans que ma fille souffre d’un handicap qui ne lui permet pas d’avoir la même vie que les autres petites filles, et pour arriver là où elle en est aujourd’hui, elle a eu plus d’examens et de rendez vous de rééducation que certains n’auront pas en une vie. Donc « c’est bon signe », je ne sais pas comment nous devons l’interpréter. C’est bon signe parce que ce n’est pas une maladie grave connue ? Ce n’est pas un handicap connu ? En quoi le fait que cela ne soit pas connu soit rassurant ? Bien sur, si on nous avait annoncé que notre fille avait une faible espérance de vie en raison de telle ou telle maladie, cela aurait été atroce. Mais l’errance diagnostique n’a jamais été gage de bonne santé. Alors effectivement, le fait qu’ils aient éliminé des maladies graves connues nous a rassurés. Ceci dit, de nouvelles maladies graves ou non sont découvertes tous les jours. «Le bon signe » serait de nous annoncer ce qu’elle a, et que ce n’est pas grave » Ne rien annoncer laisse planer le doute. C’est comme avancer dans un tunnel les yeux fermés.
« s’ils n’ont rien trouvé pour le moment c’est peut être qu’il n’y a rien »
Cette phrase, est de loin la pire. On m’annonce qu’en fait, ma fille n’a peut être rien. Mince alors, le problème doit donc venir de nous ? Nous l’éduquons mal. Se sont souvent les mêmes personnes qui se transforment en spécialistes le temps d’une conversation, et qui mieux que les généticiens et neuropédiatres trouvent une réponse en cinq minutes au handicap. « Tu l’as allaité, c’est pour ça qu’elle a pris du retard pour parler » « tu l’as trop couvé tu l’as empêché de se développer » En plus d’être emplies de jugement, ces phrases sont une hérésie pour la science ! Et à entendre ça fait mal, très mal.
Dans le sens inverse, ces pseudo-spécialistes trouvent d’autres réponses et en profitent pour te rallier à leur mouvement : « tu l’as vacciné ? C’est les vaccins, il faut porter plainte » « tu as eu un déclenchement pour ton accouchement ? C’est surement à cause de ça, moi j’ai accouché naturellement sans l’aide de personne au milieu d’une foret et mon enfant se porte à merveille» (sur ce dernier point j’en rajoute, mais vous aurez compris l’idée)