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C’est que tu me mets rudement à l’épreuve, mon petit Homme…
Bon voilà mon Cœur, ça fait un petit moment qu’on se connaît maintenant donc j’ai envie de me permettre de te dire 2-3 trucs. C’est ce que font les gens parfois ; ils ont besoin de poser les choses.
Toi, les gens, c’est pas ton fort, du coup je t’explique. Enfin tu me diras, les gens c’est pas mon fort non plus, et encore moins ton père. Surtout à jeun. Mais c’est pas le sujet. Voilà quasi deux ans que j’ai pas pu me poser pour faire ce que je suis en train de faire. Il se trouve que la vie va vite, avec toi. Et avec ta sœur en surcouche, je te raconte même pas. La Pétoire, qu’on l’appelle.
Ha ça c’est sur, vous vous complétez bien, aucun doute. Les cases pas cochées par l’un le sont très bien par l’autre, Maman est absolument comblée de ce côté-là. Comblée, c’est bien le mot. Ma vie est remplie, jusqu’au débordement. En rentrer plus, ça serait en rentrer trop. Tu sais, comme le dernier Mojito, quand y’en a eu six avant.
Non, tu sais pas, chui con. Transpose en Kinder Pingui. Tu l’as … ? Voilà.
Ça, pour m’occuper, tu m’occupes. J’aurais d’ailleurs jamais pensé pouvoir être sincèrement autant occupée. C’est le genre de truc dont on s’aperçoit quand on percute qu’on s’est pas emmerdée depuis 4 ans. Jamais.
Je rêve, parfois, de m’emmerder.
Mais rentrons dans le vif, mon Chaton. Parce que tu me rends si Fière en fait, qu’il faut que je te le dise. Fière de moi, déjà. Si, c’est important, tu te rends pas vraiment compte à quel niveau, mais je te jure que ça vaut des points. Y’a encore pas si longtemps tu sais, Maman était une petite souris, inaudible, invisible, collée aux murs, tapie dans l’ombre, la sous-couche de dessous le papier peint, tu vois l’idée.
Avec toi, grâce à toi, Maman s’est découvert de la ressource, la vache ! Sacrément. Aujourd’hui, je torche plus de papiers en une soirée que la CAF toute entière en une semaine (tu me diras, c’est pas dur…). Mon planning de rendez-vous doit talonner de près celui du maire, et j’en suis aussi la secrétaire.
Maman a sorti la pelleteuse, la grue, le tracto, et retourné une carrière de sable en entier pour que t’aies la place de jouer avec ton seau et ta pelle.
Maman se jetterait pas des bouquets de roses, là ? Si, un peu. Mais elle est fière d’elle, et il faut aussi qu’elle se le dise, parce que c’est quand même pas toujours facile-facile. Bah non.
C’est que tu me mets rudement à l’épreuve, mon petit Homme.
Y’a bien des fois où j’ai envie de te dévisser la tête, soyons francs. Quand tu me harcèles pour que j’éteigne les plaques de cuisson pour les contempler s’allumer en rouge, quand tu nous fais clignoter les lumières de la baraque si fort qu’on doit nous voir depuis Saturne, quand tu tires, et tires, et tires, et TIRES sans fin cette PUTAIN de chasse d’eau, pour voir le tourbillon s’en aller, quand tu laisses les phares de ma bagnole allumés après avoir fourré le lecteur CD avec ma carte bleue, et que bien sûr, tu ne réponds pas, quand on te demande 700 fois OU ELLE EST …
Y’a bien d’autres fois où je dois ficeler mon cœur au Chatterton, pour ne pas qu’il tombe par terre ; quand tu vas te coller contre le mur pendant l’histoire du soir, pour ne surtout pas que je te touche, quand tu hurles de peur le jour où on doit te laver les cheveux, quand tu fais des arabesques incroyables pour esquiver une caresse, quand tu me demandes de me taire, si je veux te dire dans l’oreille que je t’aime …
Puis y’a encore d’autres fois où alors là, je suis la plus Fière des mamans du cosmos, si Fière de Toi. Mon petit homme multi-talents, horloge parlante, GPS, dictaphone, traducteur, calculatrice, géographe, coureur de fond. Tant de fulgurances. Tu nous laisses sans voix parfois, ok, tu nécessites un mode d’emploi, mais tu sais, et tu fais tellement de choses ! Petit Poussin extraordinaire, je crois que je ne saurais que faire d’un autre que toi.
D’accord, parfois c’est relou. Devoir dire non à des invitations, devoir expliquer. Ou ne pas expliquer, et faire un peu plus de place autour de soi. Ha c’est sûr, l’originalité, c’est bien mieux que le Fébrèze pour épurer l’atmosphère. Mais ce qui est chouette, c’est que tu nous as appris à ne plus perdre de temps. Par exemple, moi tu vois, j’ai arrêté de prendre des nouvelles des gens qui ne m’en demandent jamais. C’est tout bête hein, mais ça recentre vachement sur les essentiels. Plus de dispersion.
On en vient du coup à la partie qui te plaira pas ; un peu comme quand tu m’empêches de chanter Céline Dion en voiture. Tu sais, quand tu hurles ‘’ JE VEUX PAS QUE JE PARLE », ce à quoi je te réponds ‘’ Je parle si je veux », et tu me réponds ‘’ Non, je parle pas si je veux ». (Oui, ça peut être long. Et bizarre).
Bouche fort tes oreilles ; c’est le moment où je vais te dire que je t’aime, mon grand Amour de Grand Garçon. Je t’aime, aussi fort que tu aimes te perdre dans la Lune et les étoiles, petit Astronaute. Et peut-être même plus fort que tu aimes les framboises, ou Massive Attack, ou enlever le bouchon de la baignoire. Et ceci n’a rien à voir avec le fait que je te trouve hyper beau. Je t’aime parce que tu es vif, intelligent et drôle, singulier et authentique. Je t’aime parce que tu sais pas mentir, même pas pour mater 10 minutes de plus ‘’Totoro », le soir. Je t’aime, toi et tes étranges câlins, quand tu me sectionnes la trachée avec ton coude et que tu t’allonges sur ma tête.
Je t’aime, et tu peux compter sur moi pour passer encore le tractopelle, encore, et encore. Et encore. Péter des phalanges et des chicots, et même parler devant 8 personnes, si vraiment il faut.
Je suis fière d’être ta maman. T’es le meilleur. T’es le mien.
Arrête de crier.
Je parle si je veux.
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