B. Une démarche éducative et endoformative
Ce temps des loisirs encadré par des acteurs non spécialistes du handicap et l’occasion de faire évoluer les regards sur la place accordée à l’enfant en situation de handicap. Les équipes progressent à travers l’acceptation des différences de chacun et grâce à leur capacité à adapter leurs pratiques éducatives. L’expérience du terrain montre qu’en élaborant une méthodologie d’accueil réfléchie et construite collectivement (élus/techniciens) et qu’en participant à des temps réguliers de sensibilisation, les équipes sont progressivement en capacité de relever le défi d’un accueil ouvert à tous les enfants.
Pour répondre plus explicitement à la question introductive : l’accompagnement sur site, par un spécialiste du handicap, n’est pas indispensable à l’accueil d’un enfant en situation de handicap au sein d’un accueil collectif de mineurs. Cela ne signifie qu’il n’y a pas de préalable d’ordre professionnel et fonctionnel. Il est en effet déterminant que tous les animateurs soient informés, sensibilisés et formés à l’accueil des enfants en situation de handicap.
La formation des équipes d’animation à l’accueil de tous les enfants permet de prendre en considération les situations les plus diverses sans faire de la notion d’handicap un point isolé. La démarche de formation continue n’est pas seulement bénéfique pour l’accueil d’un enfant en situation de handicap mais pour tous les enfants.
Le handicap d’un enfant peut ou non entraîner des difficultés pour son accueil. Il existe tant de formes de handicap qu’il est impossible de définir un accompagnement pédagogique spécifique à chacune. Il faut donc former les équipes à bâtir une pédagogie différenciée émergeant des comportements de l’enfant. Ils peuvent se concrétiser par un manque de compréhension, une communication atypique, un temps d’attention limité, une frustration exacerbée et une autonomie relative. Ces éléments d’observation doivent engendrer, de la part des équipes d’animation, des stratégies d’adaptation. Nous les accompagnons dans la construction de réponses face à des situations identifiées : agir avec un enfant qui ne comprend pas les consignes, accompagner un enfant qui s’exprime peu, pas ou différemment et soutenir un enfant qui ne veut jamais ou qu’épisodiquement participer.
Accueillir un enfant avec handicap n’est pas forcément synonyme de davantage de travail. Cela implique surtout de ne pas passer à côté d’étapes clé :
- préparer son accueil,
- prévoir les adaptations
- et planifier des temps de régulation.
L’accueil des enfants en situation de handicap représente un baromètre de la qualité de fonctionnement d’une structure dans la mesure où elle crée les adaptations en faveur des personnes de personnes plus vulnérables.
C. « Nous ne sommes pas assez nombreux pour accueillir un enfant handicapé »
A l’aune de notre expérience, nous considérons le renfort humain comme un paramètre possible, mais non unique d’adaptation dans la démarche d’accueil. Un projet englobe un ensemble d’adaptations pédagogiques travaillé par l’équipe d’animation. L’encadrement supplémentaire doit être l’expression d’un besoin exprimé par l’ensemble des personnes référentes (familles, équipe des loisirs, de soins, scolaire et du chargé de mission). Lors d’un renforcement d’équipe avec un animateur supplémentaire au groupe d’enfants, nous ne souhaitons pas identifier une personne spécifique, individualisée à l’enfant en situation de handicap. Ce besoin d’un taux d’encadrement renforcé peut par ailleurs s’avérer temporaire, puisque après un temps d’adaptation, lors duquel chacun prend ses marques, l’enfant et l’équipe peuvent évoluer vers plus d’autonomie. Au départ, l’enfant prend ses marques et l’équipe focalise son attention puis progressivement le besoin est moins prégnant car l’enfant et l’équipe ont évolué.
Le développement des notions de soutien et de relais entre animateurs représente, par ailleurs, un facteur important pour l’accueil de tous.
L’organisation des réunions de bilan, de régulation, d’analyse de pratique contribue à consolider les compétences de toute l’équipe.
Dans un groupe d’accueil de 20 enfants de plus de 6 ans (encadrement réglementaire : 2 animateurs, 1 pour 12), nous pouvons préconiser un renfort d’équipe avec un animateur supplémentaire. Les 3 animateurs sont alors responsables de l’ensemble du groupe et non 2 animateurs pour 19 enfants et 1 animateur pour le 20ème en situation de handicap. Cependant, il est possible d’identifier un animateur référent pour l’enfant en situation de handicap, sans qu’il l’accompagne en permanence. La référence permet en particulier de d’appuyer sur l’expérience d’un animateur, de faciliter la relation avec la famille sans enfermer l’enfant et cet animateur dans une relation duelle pour l’accueil d’autres enfants, sans handicap, mais nécessitant une attention particulière.
Pour les structures de loisirs accueillant régulièrement des enfants en situation de handicap, il semble opportun de se doter au sein de l’équipe d’un animateur inclusif. Il est d’abord animateur et fait partie de l’équipe d’animation.
- Avant l’accueil, il prépare l’accueil avec le directeur en recevant la famille et réalise le lien avec les partenaires.
- Pendant l’accueil, il vient soutenir l’équipe en fonction des besoins de l’enfant. Son rôle est de faciliter l’accueil de l’enfant, mais aussi de favoriser l’investissement de ses collègues.
- Après l’accueil, il fait le lien avec la famille, la direction et les partenaires.
- Sur ses temps de préparation, il envisage plus spécifiquement les adaptations.
Quand éventuellement il n’y a pas d’enfants en situation, il est animateur à part entière. Cette stratégie permet ainsi d’anticiper les sollicitations (moins de temps d’attente pour répondre aux besoins des familles). Financièrement, elle présente un coût mais évite d’employer à chaque accueil une personne supplémentaire (moins de surcoût au final).